Vegastar : un zapping musical en puissance !
De passage en Lorraine, au début du mois de février 2008, à l’Autre Canal (Nancy), nous avons rencontré Franklin (chant), Jérôme (guitare), Fabien (guitare), Vincent (basse) et Vincent (batterie) du groupe Vegastar. Avant leur passage à Metz, le 15 mars prochain aux Trinitaires, ils n’ont pas hésité à se dévoiler, sans vergogne, pour les internautes de la Plume Culturelle.
La Plume Culturelle : Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Vegastar : Individuellement, nous jouons de la musique depuis un peu plus de dix ans et nous avions, avant la création de Vegastar et chacun de notre côté, un groupe dans lequel nous nous produisions. A certains concerts, nous nous retrouvions et comme nous avions les mêmes goûts musicaux, et que nous nous apprécions, nous avons gardé le contact entre nous. Puis, lorsque nos formations respectives se sont dissoutes, nous avons décidé de nous rapprocher pour faire ensemble de la musique et créer Vegastar. Ensuite, nous sommes allés nous installer sur Paris car le contact avec les maisons de disques et les médias y étaient plus faciles qu’en province.
LPC : le nom de Végastar, un simple clin d’œil contre le star- système… ou cela n’a rien à voir ?
V : (rire) Non rien à voir avec le star système et encore moins avec la Star Académy. Le mérite d’avoir trouvé un nom pour la formation revient à Fabien. Il ne souhaitait pas qu’il y ait une consonance anglaise ou française mais il fallait qu’on puisse le prononcer facilement dans toutes les langues. Comme il trouvait, à l’oreille, le son du mot star agréable, il en a cherché un autre qui puisse s’y combiner parfaitement. Étant fan du film Las Vegas parano et comme à la même période, il a vu un reportage sur la ville des casinos, Fabien a associé les termes Vegas et star pour n’en faire qu’un seul : Vegastar. Donc nous n’avons de lien ni avec les forces de Véga dans Goldorak, ni avec Vincent Vega dans Pulp Fiction même si nous avons deux Vincent dans notre formation.
LPC : Où le situeriez-vous, votre style musical, et comment cela se passe-t’il pour l’écriture et la composition de vos chansons ?
V : Nous ne situons nulle part notre style musical car nous n’en avons pas. Les influences de chacun varient et l’éventail de nos références est large. De Dépêche mode à Timberland, de Slayer à Duran Duran ou de David Bowie à Rammstein. De toute façon nous sommes tous venus à la musique par le rock, c’est la base de notre formation. Pour la composition de la musique, nous avons un home studio où le matériel reste branché en permanence et chacun vient poser ses idées en travaillant ensemble sur le titre. Autant durant les concerts, chaque membre de la formation joue avec son propre instrument, et chacun est à sa place, autant durant la période de composition, tout le monde touche à tout et propose ses inspirations. Nous appliquons un vrai travail de groupe, principe qui n’est pas très répandu auprès des formations de rock où, s’enfermant dans une pièce, chaque membre joue dans son coin pour proposer son morceau. Pour les paroles, c’est Franklin qui écrit et nous lui apportons des thèmes ou des suggestions pour que le texte s’enrichisse de nos idées. Il y a toujours un relais, dès que l’un d’entre nous s’essouffle, c’en est un autre qui prend la suite.
LPC : Vous avez sorti votre album « télévision ». Pourquoi un tel nom ?
V : Tout d’abord, on a voulu écrire un album assez dynamique où nous avons mélangé des influences qui nous ont marqués comme le New Age ou l’électronique combiné avec du son très rock. C’est un zapping musical sur nos références de la pop culture mais également dans les thèmes abordés dans les paroles. A chaque fois que nous composions un titre, soit l’une des mélodies nous rappelait un générique d’une émission de télé, soit l’un des textes présentait une référence par rapport à un sujet de reportage. Les souvenirs visuels de notre adolescence sur le cinéma, sur la musique ou sur la télévision nous submergeaient. Autant aujourd’hui, la génération glisse sur la vague Internet qui trouve les derniers clips en quelques minutes, autant nous, nous sommes la dernière génération à avoir vécu notre culture par le biais de la télévision où nous attendions le passage de notre groupe préféré sur les chaînes de télévision musicales. En conséquence, nous avons été très marqués par la période des années quatre-vingts et c’est donc un clin d’œil, une sorte d’hommage à la télévision dont le nom même devient désuet de nos jours.
LPC : Votre album a été mixé par Stefan Glaumann qui l’avait fait en son temps pour Rammstein et Apocalyptica ; pourquoi l’avoir choisi ?
V : On l’a choisi car il a la capacité de gérer les guitares, l’énergie et la puissance du son et qu’il a l’habitude de mixer des albums très pop. Nous avions écouté ce qu’il avait fait dans le passé et nous pensions que cela pouvait coller avec notre travail.
LPC : Votre nom de groupe veut être prononçable dans toutes les langues pourtant votre album est en français. L’anglais ne vous a pas tentés ?
V : Quand nous avons commencé à jouer ensemble, on ne s’est pas trop posé la question et puis Franklin, notre chanteur, ne maîtrise pas l’anglais et pour écrire les textes, en français c’est plus facile. Lorsque tu es un groupe de rock en France, à la base ton public est français et sauf si tes titres sont diffusés sur des radios étrangères ou que tu te produits dans les pays anglophones, en chantant dans la langue de Molière, tu te différencies des autres groupes américains ou anglo-saxons. Quoique de nos jours, la donne change car grâce à internet, tu peux diffuser tes chansons sur des sites comme MySpace où tu peux être écouté dans le monde entier. On a même reçu des courriels d’Américains ou de Japonais qui nous disaient aimer notre musique mais ne pas comprendre nos paroles. Alors, on se demande si on ne va pas, éventuellement, enregistrer une version anglaise de quelques-uns de nos titres. C’est à voir. Mais nous pensons que quand la musique est bonne, comme le disait le grand poète milliardaire Jean-Jacques, ça fonctionne… (Rire).
LPC : Depuis cinq ans le succès est au rendez-vous, comment le vivez-vous ? Et quel effet cela vous fait-il d’entendre vos chansons sur les ondes ?
V : On le vit bien. Il faut savoir que dès le début, nous avons fait pas mal de scène. Nous sommes partis en tournée pour la première partie des Pleymo avec un peu plus d’une trentaine de dates ce qui nous a fait connaître auprès du public rock. Il y a eu le bouche à oreille et le site MySpace qui ont pris le relais. On a augmenté les rangs de nos fans et du coup cela a intéressé les maisons de disques et nous avons signé avec l’une d’entre elles. Nous avons eu des moyens pour enregistrer notre premier album. L’un de nos titres, 100ème étage, a été largement diffusé sur la bande FM. On ne s’attendait pas à un tel succès et c’était une belle surprise. Entendre sa chanson sur la radio, c’est plaisant surtout lorsque tu l’as composée dans une cave, mais nous n’avions pas le temps de l’écouter pour autant car nous étions en tournée dès la sortie de l’album. C’est plutôt nos proches qui nous disaient : « Ah tiens, on vous a entendus à la radio » ou « Tiens, on a vu votre clip à la télévision… ». Nous avons toujours cru à notre travail et nous avons toujours gardé la tête froide car nous savions que tout pouvait s’arrêter du jour en lendemain. On ne se fait pas d’illusion non plus, on sait que vendre des albums cela devient de plus en plus difficile et que c’est par la scène qu’on existe.
LPC : Pour un groupe local se lancer dans l’aventure à la lisière du star système devient très difficile aujourd’hui ?
V : Oui très dur pour deux raisons. D’une part, c’est plus difficile de nos jours, pour un groupe local, de partir à l’aventure en pensant faire quelques concerts. L’accès aux petites salles est plus difficile. Tout est structuré. Pour une date, il faut prévoir six mois à l’avance. Dans ces conditions, le côté fou, comme dans les années quatre-vingts, quatre-vingt-dix, pour une formation, de monter dans un camion, de prendre la route pour un tour de France et jouer pour se faire connaître, c’est pratiquement terminé ! D’autre part, il y a le star système et le show-biz. Il n’y a que ça qui fonctionne : paillettes et strass pour intéresser les gens à la musique avec des personnes qu’on installe devant les projecteurs pour faire du show. En même temps, il y a un paradoxe : l’accès à l’information et à la communication est plus accessible à tous qu’il y a dix ans, avec notamment Internet, et le fait qu’on puisse sans peine diffuser sa musique, et pourtant, il est plus difficile de vivre de sa musique, aujourd’hui. Nous pensons que nous faisons partie de la dernière génération de groupes de rock indépendants professionnels. Au début de Vegastar, nous avions vendu notre premier EP éponyme de 5 titres à trois mille exemplaires. Aujourd’hui, pour un petit groupe indépendant, vendre trois milles exemplaire ce n’est plus possible car les gens téléchargent et achètent moins de disques et sans revenu, l’artiste ne peut plus avancer.
LPC : Comment faite-vous pour allier musique, tournée, famille et amies ?
V : Pour la vie de famille… elle est inexistante. C’est plutôt difficile surtout quand tu joues de la musique. Rétrospectivement, il faut imaginer qu’on a passé avant l’album, huit mois enfermés dans une maison pour composer sans voir personne. En sortant de là, on est restés une semaine chacun chez soi pour décompresser, puis on est partis pour trois mois afin d’enregistrer l’album en Belgique puis en Suède. Ensuite, on est rentrés en France pour répéter et débuter la tournée. Mais entre chaque période de travail, il a fallu faire de la promo et aller à des soirées pour rencontrer du monde, ça fait partie aussi du métier et on aime cela alors on n’a pas trop le temps de se poser. Quand tu es professionnel, tu peux adapter ton planning en ayant des plans à droite et à gauche et participer à des interviews au dernier moment. Il faut toujours être disponible. Par exemple, notre participation à la première partie de Linkin Park à Amnéville, en janvier dernier, nous l’avons sue la veille du concert. Pour un jeune groupe de rock qui débute avec une notoriété naissance, mais ne pouvant pas vivre de sa passion, les membres de la formation doivent travailler et là, c’est la galère. Nous l’avons aussi connue, cette période, et c’est horrible. Ton emploi te prend la grande partie de la journée et le soir, tu es fatigué et il faut répéter avec tes potes. En plus tu as le moral dans les chaussettes car tu ne peux pas assouvir ta passion comme tu l’entends mais il faut y croire…
LPC : Vous avez fait la première partie du concert de Linkin Park à Amnéville, vous êtes allés à Nancy en février et à Metz le 15 mars, la Lorraine a une place importante dans votre tournée. Un hasard ou vous êtes tombés sous le charme de la région ?
V : On va dire que durant la première tournée, nous n’avions pas beaucoup de dates dans l’Est de la France. Nous sommes venus une seule fois à Nancy, il y a de cela quatre ans [depuis l’interview, une nouvelle fois le 5 février 2008.] et nous n’avons pas encore joué à Metz. Nous nous sommes rendu compte que nous avions du succès dans le nord et dans l’est de l’hexagone car Il y avait pas mal de fans, via Internet, qui nous demandaient pourquoi nous ne venions pas dans leur ville. On n’a pas vraiment le choix des salles, on va jouer là où les structures nous programment. Si on nous prévoit dix dates dans l’Est, on y va tout de suite. Pour le premier album, on n’a pratiquement pas fait de dates, alors pour le deuxième, comme nous n’étions pas venus dans la région, que c’est notre première tournée en tête d’affiche, et que les gens ne connaissent pas encore bien l’album (sortie le 07.01.08), c’est un vrai challenge pour nous…
Article publié le 5 mars 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC|CT – Le groupe Vegastar de passage en Lorrainen en février dernier à l’Autre Canal.