« Révolution », l’album qui vous envoie en orbite…
La Plume Culturelle propose depuis janvier une rubrique destinée aux artistes méconnus d’une grande partie du public ou trop peu médiatisés. Avec passion, ils participent à l’enrichissement culturel de la Lorraine et nous les mettons à l’honneur. Bénéficiez de l’interactivité d’Internet pour découvrir un aperçu de leurs œuvres sous forme de son ou de vidéo. Avec le groupe messin Akor, Christelle Parente (chant) et Philippe Bebon (guitare) apportent une touche personnelle et novatrice dans l’électro pop rock local. Avec leur troisième album Révolution, ils confirment leur talent et leur créativité.
La Plume Culturelle : Comment a débuté votre carrière avant Akor ?
Christelle Parente : J’ai débuté ma carrière comme chanteuse dans un groupe d’heavy métal en 2001, ce qui m’a permis de former ma voix et d’apprendre énormément concernant le chant. J’y suis restée environ cinq ans avant de rejoindre la formation que j’ai créée avec Philippe.
Philippe Bebon: Cela fait un peu plus de vingt ans que je joue de la musique, d’abord la guitare lorsque j’étais adolescent. Puis avec le temps, je me suis intéressé très sérieusement à la musique électronique pour aujourd’hui composer pour le groupe.
LPC : Alors que vous gravitiez avant de vous connaître dans deux univers musicaux complètements différents, comment vous êtes-vous rencontrés pour former le groupe AKOR ?
CP : Avec mon ancienne formation, j’ai eu l’occasion de donner un concert en même temps que Philippe et son groupe, dans lequel il joue toujours, et il m’a parlé d’un projet musical qui lui tenait à cœur : il cherchait une chanteuse et l’idée m’a emballée. Il avait composé cinq chansons qu’il m’a envoyées en format mp3 et ensuite je suis passée chez lui pour enregistrer la voix. En une semaine, nous avions bouclé six morceaux.
LPC : De quelle façon l’alchimie entre vos deux styles musicaux a-t’elle pu prendre selon vous ?
CP : Par un énorme et double coup de chance, car pour sa part ma voix lui a plu, et moi sa musique m’a immédiatement enchantée. En écoutant les mélodies qu’il m’avait envoyées, je n’ai même pas eu besoin d’arriver au troisième morceau pour être conquise. A ce moment-là, j’avais déjà des idées sur les lignes de chant.
PB : Ça a été la fusion directe avec elle, j’ai été emballé par sa voix. Et puis nous avions les mêmes motivations et j’aime beaucoup travailler avec elle, elle est très pro. Donc l’ensemble des conditions de travail est très profitable pour nous.
LPC : Le nom Akor a-t-il une signification particulière ?
CP : Alors pour le nom, c’est la faute à Philippe (rire).
PB : Je souhaitais un nom de groupe assez facile à retenir mais également à prononcer. Et pour dire la vérité, c’est un ami qui m’a soufflé l’idée, mais je ne dirai pas qui c’est (rire). Comme le nom m’a plu je l’ai repris à mon compte.
LPC : Révolution est votre troisième album, pouvez-vous nous en dire davantage sur les thèmes que vous abordez dans vos chansons ?
CP : Les thématiques sont très variées mais sans beaucoup d’histoires d’amour. Certains morceaux traitent des thèmes de société ou de la vie quotidienne, mais comme le troisième album est assez rythmé et électro, on a poussé l’inspiration vers le domaine de l’Univers, vers les voyages, ou vers la relativité du temps et les mathématiques. Des rencontres de destins pas du tout calculées. Il est vrai que je m’inspire aussi de ma vie personnelle, et que j’aime relater des expériences qui ne représentent pas habituellement des sujets de chansons, comme l’anorexie ou la pression morale concernant la beauté, par exemple. Quand Philippe m’envoie la chanson en mp3, en écoutant le morceau, l’idée et les mots me viennent tout de suite.
LPC : Dans la presse vous avez dit que l’album Révolution démontre l’entrée en résonance du compositeur et de la chanteuse… Que voulez-vous dire par là ?
CP : C’est encore très scientifique, un peu comme l’album. Lorsque les deux matières ont la même fréquence, elles ont une amplitude beaucoup plus vaste. Et ce que nous voulions dire par là, c’est que nous évoluons tous les deux, ensemble, pour viser toujours plus haut et que tous les titres que nous composons correspondent à notre recherche de richesse et d’approfondissement.
LPC : Style new wave pour l’un, heavy atmosphérique pour l’autre, comment se sont passées entre vous les séances de composition et d’écriture concernant les titres de votre album ?
CP : Le procédé est très simple et d’ailleurs pratique pour nous deux. Philippe compose les morceaux chez lui et lorsqu’il les a terminés, il me les envoie par courriel. Ensuite je compose par-dessus la ligne de chant, et lorsque tout est prêt, nous enregistrons ensemble. Il peut arriver, lorsqu’on veut ajouter une deuxième ligne de chant, ou que je n’ai pas d’inspiration, que nous nous rencontrions pour qu’il joue le morceau à la guitare afin que je me place directement dessus.
PB : Si on veut partager des idées ou des orientations pour le morceau afin de créer une atmosphère, le travail se fait en commun, sinon chacun travaille de son côté.
LPC : Pourquoi procéder ainsi ? Vous n’aimez pas travailler ensemble ?
CP : Je pense qu’on n’a pas besoin d’être scotchés en permanence pour composer et d’ailleurs, nos esprits sont trop indépendants pour cela. En fait le but du jeu, c’est de réaliser son truc dans son coin et de le proposer à l’autre pour ensuite finaliser ensemble. Si le principe n’avait pas fonctionné, il n’y aurait pas eu de groupe. Pour ma part, le travail dans un groupe où tous les membres sont présents à la répétition ou à la composition, je l’ai connu dans la formation précédente, et c’est une méthode qui ne m’intéresse plus.
LPC : Vous avez déclaré dans un hebdomadaire lorrain que vous n’avez pas été soutenus à Metz pour votre album. Vous trouvez que les pouvoirs publics ou les structures culturelles en Moselle apportent peu de moyens aux groupes locaux de musique actuelle ?
CP : J’estime que les pouvoirs publics en général n’aident pas vraiment les groupes locaux et qu’ils ne leur manifestent aucun intérêt. Quant à la ville de Metz c’est pire encore… D’une façon générale, tout le monde a une aversion pour l’anglais. Je crois que leur ouverture d’esprit est très limitée, ils sont très figés et cela, je ne le supporte pas. J’ai fourni une démo de cinq titres à la municipalité de Metz, on attend une réponse. Nous, ce qu’on espère de la nouvelle municipalité, c’est que les associations constituées ne figurent pas forcément en tête de liste quand il y a des choix de programmation à faire. Nous sommes des indépendants et nous souhaitons le rester car nous ne voyons aucun intérêt à nous transformer en association, non c’est absurde !
LPC : Est-ce pour cela que votre groupe a un site Internet, pour toucher directement le public visé ?
CP : Aujourd’hui, Internet devient un outil vraiment indispensable. On ne peut plus passer à côté. Par exemple, le site que nous avons ouvert sur MySpace va servir aux personnes que nous allons rencontrer au cours des concerts, et qui souhaiteront en connaître davantage sur nous en écoutant quelques-uns de nos morceaux, plutôt qu’à des programmeurs de salles auxquels il faudra de toute façon envoyer une démo.
LPC : Vous chantez en anglais. Choix commercial, ou bien le français ne vous semble pas approprié pour les mélodies de vos titres ?
CP : Je ne suis pas à l’aise avec le français et je ne me vois pas m’exprimer ainsi, sauf peut-être dans un morceau où la mélodie s’accorderait mieux avec les sonorités de la langue, autrement je préfère chanter en anglais.
Article publié le 5 mai 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC|Akor – Christelle et Philippe, les deux membres du groupe AKOR.