« L’affaire des affaires », une BD qui se lit comme un polar
Denis Robert et Yan Lindingre, tous deux Messins, ont rencontré le public à la librairie Géronimo (Metz) samedi dernier pour une séance de dédicace du premier volet de la bande dessinée « l’affaire des affaires » publié chez Dargaud et qui plonge le lecteur dans les coulisses du monde politico-financier. Il ne manquait plus que Laurent Astier pour avoir le trio au complet.
La cinquantaine à peine entamée, les yeux pétillants et le sourire prononcé, Denis Robert dédicace de quelques mots les albums qu’on lui tend, au premier étage de la librairie messine Géronimo, ce samedi après-midi. A côté de lui, son acolyte et ami Yan Lindingre s’affaire sur la même page à dessiner un personnage. Déjà, une pile d’ouvrages s’accumule. Normal, entre les mots couchés sur du papier et le coup de crayon, la cadence n’est pas la même. Parmi le public venu les voir, des amis, des connaissances et des membres du comité de soutien du journaliste attendent leur tour patiemment. Il faut dire qu’originaires de Lorraine tous les deux, ils se sentent ici comme chez eux, en famille. Seul absent remarqué mais tout excusé : Laurent Astier.
Denis Robert nous revient en tant que scénariste d’un récit autobiographique qui se découlera en trois tomes et dont le premier est sorti en janvier dernier. En quelques mots, « L’affaire des affaires » relate les dernières années de journalisme de l’auteur à Libé, ses enquêtes dans le monde opaque de la finance mondiale, son fonctionnement et ses coulisses, les manipulations politiques mais également ses soucis judiciaires, qui continuent d’ailleurs face à Clearstream, depuis la parution de Révélation$ en 2001. « Nous voulions expliquer les affaires Clearstream d’une façon didactique », explique Yan Lindingre, qui a storyboardé les albums avant que Laurent Astier les dessine. « Pour que cela soit plus clair pour le lecteur, il fallait reprendre les choses depuis le début et dans l’ordre chronologique », souligne-t-il.
Pour ceux qui ne connaissent pas l’affaire ou n’ont pas forcément suivi l’actualité du monde politico-financier, le nom de Denis Robert est lié à celui de Clearstream car depuis que le premier a écrit de nombreux ouvrages sur le second, le dossier Clearstream fait régulièrement les unes de la presse française ou européenne. Cerise sur le gâteau, il y a deux affaires : celle des investigations entreprises par Denis Robert sur l’entreprise luxembourgeoise ; et l’autre concernant des falsifications de listing, des manipulations et des querelles entre hommes politiques dans lesquelles le journaliste a été malgré lui impliqué. Alors pour comprendre tout cela d’une façon ludique, est née « L’affaire des affaires ».
« Durant nos footings dans la forêt, je racontais mes déboires à Yan qui s’empressait de les dessiner en rentrant chez lui puis de les montrer à des copains », relate Denis Robert. L’initiative plaît et les éditions Dargaud lui demandent d’en faire quelque chose. Les deux amis et voisins vont travailler ensemble sur le scénario, puis chercher un dessinateur pour les planches. Yan Lindingre, auteur de « Titine au bistro » ou « Chez Francisque », habitué aux personnages avec des têtes de cochon, avoue n’avoir pas voulu s’y coller car, indique-t-il : « mon coup de crayon n’était pas en adéquation avec le sujet qui était trop sérieux. Or pas question de faire de l’humour avec ! » Le binôme trouve le compère idéal : Laurent Astier, choisi « pour sa technique, sa rapidité à comprendre et à se mettre dans le bain mais aussi pour ses propositions graphiques ». Yan Lindingre conclut : « Je préfère bosser à trois et être content du résultat qu’à deux et ne pas être emballé par le projet ».
Le deuxième tome devrait sortir dès septembre prochain, quant au dernier, il est prévu pour le début de l’année prochaine. Denis Robert et Yan Lindingre nous étonneront toujours autant… mais quel plaisir !
Article publié le 8 mars 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JML – Yan Lindingre (en partant de la gauche) et Denis Robert à la librairie Géronimo à Metz le 7 mars dernier.