La galerie messine « Toutouchic » customisée par le tuning-car
Par le biais de leur installation sonore et visuelle intitulée « Kustom », Philippe Petitgenêt et François Martig caricaturent avec un humour caustique l’univers du « tuning ». Aussi, pour révéler le mauvais goût, le kitch, le tape-à-l’œil et le m’as-tu-vu, rien n’a été laissé au hasard. Une exposition que le public peut regarder et écouter jusqu’au 2 décembre prochain à la galerie Toutouchic de Metz.
Dès la porte franchie de la galerie Toutouchic, le visiteur en prend plein les yeux…et les oreilles. Non que l’arrière d’une 205 peinte en rose et exposée dans la pièce soit si extraordinaire, cela ça passe encore. Qu’un brouillard, provenant d’un générateur de fumée, devienne de plus en plus épais, envahisse le lieu et rende l’air irrespirable, les visiteurs peuvent encore s’en accommoder. Mais les sons diffusés par l’immense caisson de basse rendent l’expérience vraiment traumatisante. Les commentaires des animateurs de festivals de Tuning, -évènements où se rassemblent les inconditionnels passionnés de la voiture retransformée-, qui hurlent, tels des camelots sur le marché, leurs discours frénétiques, deviennent tout simplement insupportables à entendre. Philippe Petitgenêt et François Martig ont ainsi voulu caricaturer avec une dérision certaine l’univers du « tuning », où le visuel, le chic, la beauté et les différentes manifestations ostentatoires de la discipline sont incontournables.
« Le tuning, c’est comme la chasse… »
Les deux artistes n’y sont pas allés de main morte. Ils ont souhaité exploiter les différents codes qui caractérisent le « tuning » : la voiture, la sono (sound-system), l’exhibition et le paraître. Même si l’installation sonore et visuelle caricature à gros traits cette discipline, c’est l’humour le maître mot de l’exposition. « Nous avons voulu juste leur emprunter leurs codes afin d’utiliser des formes artistiques insolites », explique Philippe Petitgenêt. François Martig rajoute avec malice : « ok, au niveau raccourcis, on ne fait pas dans la dentelle, mais le tuning, c’est comme la chasse. Le premier exhibe sa voiture comme un trophée, le second accroche la tête du cerf au mur. Entre Kevin, l’automobiliste, et Jacky, le chasseur, ce n’est qu’une question d’âge ! » En filigrane, les deux complices pratiquent la dérision concernant plus généralement les gens qui se passionnent avec acharnement dans un loisir quel qu’il soit et vont parfois jusqu’au bout du ridicule.
L’Illusion parfaite avec la féminité en plus
Le visiteur, face à l’arrière de la 205 Peugeot immatriculée « Kustom », se rendra vite compte de la supercherie en contournant le pseudo-véhicule. Pour rendre l’illusion crédible, une structure métallique maintient le coffre, le pare-chocs et le pot d’échappement, lui-même constitué par un tuyau d’évacuation sanitaire. Le sapin magique déodorisant jaune occupe aussi sa place au niveau de la vitre. Philippe Petitgenêt et François Martig s’amusent à mettre en avant les signes ostentatoires et le mauvais goût : « on ne pratique pas le tuning avec des Porsche, ne sont concernés que de petits véhicules », déclare François Martig. Le tuning a pour objectif de « customiser » (transformer) le véhicule pour les courses en y rajoutant des accessoires extérieurs ou en apportant des modifications à l’intérieur de l’habitacle. Une manière de personnaliser son engin motorisé afin de l’exhiber comme une pièce rare devant un parterre de passionnés. Mais l’artiste ironise sur le côté féminin d’une discipline qui semble pourtant à dominante masculine. « Il y a un côté rococo dans le tuning, ces mecs qui aiment le paraître et l’artifice avec leurs voitures, comme une femme qui se soucierait de son apparence », sourit-il encore. Et, tout en s’amusant à mimer, François Martig en rajoute une petite couche pour la route : « il n’y a qu’à les voir polisher et bichonner leur véhicule. Finalement, sous leur airs de machos et de gars super virils, ils révèlent une part de féminité et une sensibilité certaines. »
En tout cas, vous avez jusqu’au 2 décembre prochain pour découvrir l’installation. N’oubliez pas que cela reste de l’humour, et que le tuning est une passion aussi envahissante que la collection de timbres ou de faucilles. Quoique… le prix à y mettre ne doit pas être le même. Mais c’est là un autre débat.
Article publié le 16 novembre 2011 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JeanVier – Les codes du tuning vus par Philippe Petitgenêt et François Martig à la galerie messine Toutouchic.