Antoine Moulin offre une nouvelle vie aux affiches urbaines
Du 18 juin au 02 juillet 2010, le public pourra découvrir à la Maison Rabelais, à Metz, le travail artistique d’Antoine Moulin. Le collagiste messin utilise comme matière première les affiches publicitaires quatre par trois récupérées un peu partout. Devenues sculptures ou tableaux, les strates et les multiples couches des supports confèrent sa touche colorée à l’œuvre.
Combien d’entre nous regardent, furtivement ou d’une façon insistante, les affiches publicitaires qui prolifèrent partout sur les murs ? Un coup d’œil rapide sur la mise en avant du produit ou l’intitulé de la phrase choc et nous voilà soit conquis par la démarche soit agacé par le message proposé. Pourtant il en est un qui s’intéresse au support avec un œil averti : Antoine Moulin, un artiste collagiste qui recherche sa matière première dans des endroits aussi insolites que les murs d’usines désaffectées ou bien les panneaux en bordure des routes ou à travers les zones industrielles, et ce afin de les travailler pour donner corps à ses prochaines productions.
Son travail se matérialise par des couches superposées d’affiches quatre par trois prélevées sur des panneaux ou tombées à terre, que l’artiste déchire, découpe, rabote selon les strates pour donner des formes atypiques à ses ouvrages. « J’aime jouer avec la matière et faire correspondre ma création avec les couleurs trouvées », explique Antoine Moulin qui précise: « je ne colle rien de plus sur les affiches, je ne fais que déchirer les couches afin d’exprimer à ma façon une nouvelle dimension esthétique ». Prenant des apparences géométriques, ses créations s’apparentent parfois à de petites îles colorées.
Pour l’artiste messin, ces pépites dénichées par lui doivent posséder obligatoirement une histoire. Les œuvres qu’il expose doivent donc être liées à un lieu et à une époque pour lui permettre de donner libre cours à son imagination. « Je souhaite matérialiser le temps qui passe et montrer le cycle des affiches sous plusieurs couches sans qu’on puisse y détecter les produits, les idées ou les causes présentés », affirme encore Antoine Moulin. Sa première rencontre avec la matière a eu lieu il y a un an. « Un soir, j’étais en voiture avec une amie et elle m’a fait remarquer qu’un certain nombre d’affiches étaient tombées à terre près de la route. Elle insistait pour que je les utilise dans mon travail créatif. J’étais pressé à ce moment-là et nous sommes partis. Mais dès le lendemain matin, j’y suis retourné et j’ai tout ramassé ». Ainsi naissait entre le matériau urbain et lui-même une histoire d’amour artistique.
Aujourd’hui, il se présente volontiers comme un éleveur d’affiches car avant de les sélectionner, il n’hésite pas à avaler avec son véhicule des kilomètres de routes pour les débusquer. « C’est un boulot très physique, car il faut les découper, les plier et les porter et cela peut très vite peser lourd », signale l’intéressé qui raconte, amusé, une anecdote sur ces ramassages : « Je n’ai pas hésité à passer deux jours à récupérer toutes les affiches placardées sur l’intégralité des murs d’une vieille brasserie désaffectée située en Haute-Savoie ». Âgé de 38 ans, cet ingénieur en physique a trouvé sa voie dans l’art et semble ne plus vouloir lâcher ce créneau. D’ailleurs, il a des idées plein la tête et envisage déjà des performances pour les mois à venir. D’ici là, vous pourrez découvrir le travail d’Antoine Moulin avec vingt-cinq de ses œuvres qui seront exposées à la Maison Rabelais à Metz jusqu’au 2 juillet 2010. Une façon de donner une nouvelle vie à ces supports de communication avec une valeur rajoutée : l’art.
Article publié le 17 juin 2010 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JML – Les strates et les couches superposées des affiches n’ont plus de secret pour Antoine Moulin. Il les revisite pour les exposer comme des oeuvres.