« Berlin : le mur », un regard artistique sur le passé historique
Dans quelques semaines, l’Allemagne va fêter le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. A cette occasion, la MJC Lillebonne à Nancy expose, du 26 octobre au 9 novembre 2009, le travail photographique de Francis Kochert. Cet ancien grand reporter au Républicain Lorrain et actuel collaborateur à la Plume Culturelle, offre au public sa vision artistique et toute personnelle sur ce qui restait de l’édifice, une décennie après sa destruction en 1989.
Le hasard et la chance peuvent contribuer à amorcer des carrières ou des passions. Et ce n’est pas Francis Kochert qui affirmera le contraire. Devenu journaliste par contingence au Républicain Lorrain, sous le règne de Marguerite Puhl-Demange, ce féru de littérature, d’art contemporain et de cinéma va pratiquer l’art de la photographie en complémentarité de son activité professionnelle de grand reporter. Dès lors que l’actualité l’exigeait, de la Palestine à Israël, de l’Iran à l’Irak ou ailleurs, le journaliste à la plume aiguisée exprimait ce qu’il percevait avec ses mots. Puis, après ses reportages, l’appareil photo en bandoulière, il pratiquait la photo de rues où son regard se focalisait sur des petites choses, que personne n’apercevait. « Ce que les professionnels ou le public ne voyaient pas, moi je l’immortalisais en prenant en compte les personnes qui vivaient sur place », raconte Francis Kochert. Et de préciser en maniant avec malice la métaphore : « Comme je n’étais pas en première ligne, je pouvais ramasser les morceaux, qui étaient tout autour de moi, et les utiliser pour témoigner. »
Donner la parole aux murs…
Si l’Histoire a son importance pour la mémoire collective, il y a des lieux qui contribuent également aux souvenirs. Pour Francis Kochert, les murs ont une âme et une parole qui rappelle le passé. « Les murs sont des lieux d’expressions sur lesquels les œuvres ont une durée de vie éphémère et qu’il faudrait préserver », insiste-t-il. Il prend pour exemple le mur de Berlin. En novembre 1999, dix ans après sa chute, le journaliste a immortalisé sur place des pans entiers de la construction encore présente à travers la ville. « Mon objectif a été de montrer un aspect plastique et esthétique mais également historique, concernant ce qui restait du mur, il y a dix ans. » En feuilletant le chapitre sur Berlin de son ouvrage Paroles de murs, aux éditions Serpenoise, il soupire, un brin nostalgique : « Maintenant, il ne reste pratiquement plus rien du mur et les photos sont les derniers vestiges qui certifient l’existence de ce pan de l’histoire. »
L’ancien journaliste se confie : « J’aime immortaliser les endroits que les gens côtoient mais ne voient plus. » Pour cet amateur de l’art, l’appareil permet de fixer le temps afin de conférer une expression émotionnelle à la photographie. « Quand j’expose, c’est avec une certaine tendresse et une émotion particulière que je montre ces lieux au public », conclut-il. Il est de la génération de l’ancienne école: pas d’artifices au travail, ni de matériels sophistiqués et encore moins de montages sur les épreuves. « La photo doit être naturelle comme un tableau. Pas la peine de surajouter. » Et il finit par dire, sans état d’âme : « On peut écrire un bon roman avec un Bic, alors on peut faire de bonnes photos avec un jetable. »
L’exposition « Berlin : le mur »
Ainsi, grâce à l’initiative de la MJC Lillebonne, à Nancy, Francis Kochert va exposer, du 26 octobre au 9 novembre prochain, une série de planches sur les fragments du mur de Berlin où se superposaient des fresques endommagées ou en voie de disparition. Pour l’occasion, il y aura également des photographies d’époque, provenant de la presse, qui évoqueront le quotidien des habitants confrontés à la séparation de la ville durant la période du Mur (1961 –1989). Une manière de fêter le vingtième anniversaire de sa chute en 1989 et de ne pas oublier une période pas si lointaine.
Article publié le 20 octobre 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|Isabelle Prunier – Francis Kochert.