« Bootleg » : une vision de la copie par l’inspiration artistique
Depuis le 7 septembre dernier et jusqu’au 8 octobre prochain, le collectif « Studio 923a », représenté par Jérémy Joncheray et Thomas Oudin, propose l’exposition « Bootleg » à la galerie messine « Toutouchic ». Entre la copie et l’inspiration, où se situe la frontière ? Une question posée à 21 artistes en devenir qui tentent d’y répondre avec leurs œuvres personnelles à partir d’affiches existantes et selon leurs propres processus créatifs.
Jérémy Joncheray et Thomas Oudin, tous deux Lorrains, et âgés de 23 ans, ont des projets et des rêves plein la tête. Si l’aventure de leur collectif, « 923a » a débuté à quatre en 2007 durant leurs études, aujourd’hui, il ne reste plus qu’eux à la barre du navire. « A l’époque, nous voulions inventer et innover dans notre phase de créativité et apporter de la fraîcheur en dehors de nos cours », explique Jérémy Joncheray. « Aujourd’hui, nos deux amis continuent leurs études et ils ont pris des voies différentes des nôtres. Quant à nous, nous voulions continuer à évoluer tout en gagnant notre vie et en proposant des expositions au public », affirme l’intéressé. Depuis le début de l’année, la structure se professionnalise, devient aussi un studio graphique et rajoute le mot Studio à 923a dans le nom de la structure. Créatifs, il n’y a pas de doute ; pragmatiques et entrepreneurs, c’est certain. Installés à Strasbourg, les voilà donc à Metz durant un mois à la galerie « Toutouchic » pour présenter les œuvres de 21 artistes en devenir inspirées d’une simple question : où se situe la frontière entre la copie et l’inspiration ?
La notion de copie ?
Pour l’exposition « Bootleg » à la galerie « Toutouchic », Jérémy Joncheray et Thomas Oudin ont interrogé les artistes sur la notion de copie. Pas moins d’une centaine de personnes issues du monde de l’infographie ont été sollicitées durant le festival international de l’affiche à Chaumont, et 21 d’entre eux ont répondu à la question avec une œuvre bien définie. Mais pourquoi une telle interrogation ? Thomas Oudin explique l’idée de départ : « Au début, nous voulions créer un fanzine sur la Chine et voir son pouvoir sur le monde. Puis nous nous sommes rendu compte que la Chine travaillait beaucoup dans le domaine de la copie. Il ne connaissent pas cette notion d’imitation comme nous en Occident. » Jérémy Joncheray va plus loin dans la réflexion : « Concernant un aspirateur, une agence chinoise de design peut en emprunter tous les éléments à plusieurs marques distinctes pour s’en inspirer et créer son propre produit. » Ainsi les deux garçons ont demandé aux participants, à partir d’une affiche existante, d’en concevoir une en incluant cinq références artistiques personnelles.
Le « Bootleg » infographique…
Vingt et une œuvres uniques et originales, mais également l’affiche de référence de chaque production, sont présentées au public jusqu’au 8 octobre prochain. L’objectif étant de bien comprendre et de distinguer les différents processus d’inspiration de l’artiste. Une sorte de « Bootleg » infographique qui intègre, non pas, comme dans le domaine de la musique, une composition d’une mélodie à partir de plusieurs morceaux, mais la conception d’une affiche à partir d’une référence et de la créativité de l’auteur. Afin de poursuivre l’exposition dans le temps et en dehors de la galerie « Toutouchic », le collectif « Studio 923a » propose, grâce à un partenariat avec « le Labbb », des applications iPhone et iPod. Ainsi, celles et ceux qui souhaiteraient suivre le travail artistique mais aussi s’intéresser à l’épineuse question de la frontière entre la copie et l’inspiration, en auront la possibilité sans jamais être déconnectés. D’ici là, restez dans le monde réel et n’hésitez pas à jeter un œil à l’exposition. Il y a de belles pépites à ne pas rater.
Article publié le 14 septembre 2011 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JeanVier – De gauche à droite : Jérémy Joncheray et Thomas Oudin à la galerie « Toutouchic » durant la mise en place de l’exposition « Bootleg ».