
Brigitte Fontaine… égale à elle-même
Le nouvel album de Brigitte Fontaine, au nom évocateur « prohibition », sortira dans les bacs dès le 5 octobre prochain. A cette occasion, elle se produira également au festival Nancy Jazz Pulsations le 8 octobre 2009, à 20h30, à la salle Poirel (Nancy). L’artiste atypique nous a accordé une interview. Quand Brigitte Fontaine reste égale à elle-même, elle ne nous déçoit jamais.
La Plume Culturelle : Votre nouvel album s’appelle « Prohibition ». Clin d’œil à l’interdiction de fumer dans les lieux publics ou référence à la tendance liberticide du moment ?
Brigitte Fontaine : J’ai pensé à tout cela lorsque je l’ai appelé « Prohibition » car en ce moment tout est liberticide dans notre société. Que ce soit les conditions carcérales dans les prisons, que ce soit la situation des sans papiers dans notre pays ou celle des sans domicile fixe. Mais je pense également aux fumeurs qu’on jette comme des chiens dans la rue pour fumer. Et encore on doit s’estimer heureux.
LPC : Vous aimez les collaborations, les échanges. Mais entre inviter d’autres artistes à entrer dans votre univers et investir celui d’autres artistes, que préférez-vous ?
BF : J’aime les deux. Découvrir ce qu’ils font et qu’ils viennent me voir pour partager avec moi ce que je fais dans mon travail.
LPC : En parlant de collaboration dans votre album, qu’est ce qui vous a donné envie d’enregistrer deux duos avec Philippe Katerine et Grace Jones ?
BF : L’envie est que j’adore Grace Jones, c’est une femme admirable, superbe et avec laquelle j’ai un feeling pour travailler. Quant à Philippe Katerine, il est également charmant et sympathique. J’ai apprécié son travail dans le duo pour le titre « Partir ou rester ». D’ailleurs le texte a été écrit au lendemain des élections présidentielles (2007).
LPC : Et vous avez également participé dans le dernier album de Mathieu Chedid (M). Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de collaborer avec lui ?
BF : j’aime beaucoup Mathieu. Je trouve que c’est un excellent musicien et un très bon guitariste et il est pour moi, un bon copain. Il voulait des textes pour son album alors sur les huit je lui en ai écrit trois rien que pour lui. Les autres, je les avais déjà sous le coude.
LPC : En février 2009, vous avez sorti deux très beaux livres, « Chats » et « Rien ». Faites-vous une différence, dans votre manière de travailler, entre l’écriture littéraire et l’écriture de chansons?
BF : Il n’y a pas vraiment de différence. C’est-à-dire liberté totale dans l’écriture. A part pour le dernier livre, « Le bon peuple du sang » qui paraîtra chez Flammarion (courant 2010 Ndlr), qui m’a demandé beaucoup de travail et de discipline. Mais l’inspiration vient comme ça de l’intérieur, je ne saurais l’expliquer. Je peux écrire n’importe quand et n’importe où, chez des amis ou dans des bars.
LPC : Vous avez récemment déclaré dans la presse que vous étiez grossière comme une duchesse ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
BF : Vous savez c’est bien connu que les femmes aristocrates avaient un langage cru. Comme Madame De Sévigné par exemple. Alors pour moi, c’est un langage naturel…
LPC : Le NJP est un festival de jazz. Allez-vous improviser, au cours de votre prestation ?
BF : Je ne sais pas ce que je viens faire dans un truc de jazz. J’ai horreur du jazz sauf quand j’étais môme et sauf quand ce sont de grands noms comme Charlie Parker, Lester Young et autres. (Silence). Sinon oui je vais un peu improviser, comme toujours, mais comme je suis avec des musiciens, je ne peux pas me le permettre en permanence.
Article publié le 29 septembre 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|Jean-Luc Karcher – Brigitte Fontaine revient au NJP le 8 octobre prochain à la salle Poirel. Une soirée où le public ne s’ennuiera pas.