Centre Pompidou-Metz : J – 10 avant l’ouverture au public
Petit tour d’horizon avec la Plume Culturelle sur l’évènement majeur pour la ville de Metz mais également pour la région : l’ouverture du Centre Pompidou. Un projet qui à ses débuts a certes suscité débats et controverses concernant son coût et son utilité, mais qui aujourd’hui se trouve concrétisé et légitimé par son inauguration le 12 mai prochain.
La maxime « la patience est toujours récompensée » prend tout son sens dans le dossier du Centre Pompidou Metz. En effet, dans dix jours, le grand public pourra enfin assister à l’exposition inaugurale « Chefs-d’œuvre ? » mais surtout découvrir l’intérieur de l’établissement culturel situé juste derrière la gare de Metz. Il faut dire que depuis le début de sa construction, en novembre 2006, et au fur et à mesure de l’évolution du chantier jusqu’à la livraison du bâtiment en janvier 2010, seuls quelques privilégiés ont pu accéder aux entrailles de l’édifice. Jusqu’à présent, même s’il existait la Maison du Projet, les badauds, les Messins ou même les touristes ne pouvaient contempler cette œuvre à l’architecture exceptionnelle que de l’extérieur. Une frustration qui pourra se dissiper dès le 12 mai prochain. Ainsi, durant cinq jours -, le public pourra venir admirer les œuvres d’artistes aussi prestigieux que Matisse, Picasso, Braque ou Fernand Léger et cela gratuitement. Après le 16 mai 2010, l’entrée sera payante avec une tarification unique de 7 euros.
CPM, une œuvre à lui tout seul…
Depuis le parvis des Droits de l’Homme à Metz, vous découvrirez l’œuvre architecturale du Japonais Shigeru Ban et du Français Jean de Gastines, dont la construction a débuté en novembre 2006. Le Centre Pompidou-Metz culmine à une hauteur de 77 mètres, mât compris, et rayonne d’une blancheur immaculée. Les concepteurs ont su allier brillamment les matériaux les plus divers, le bois, le téflon, la fibre de verre, le béton, le verre, le métal et le polycarbonate. Un bâtiment particulièrement innovant dans sa conception, revêtu d’une chape qui s’apparente à un chapeau chinois, soutenue par une charpente qui est à elle seule une véritable œuvre d’art. Par ailleurs trois grand parallélépipèdes à la façade vitrée, longs de 80 mètres et larges de 6, en quinconce, surplombent la base à différentes hauteurs : 7 mètres du sol pour le premier, 14 mètres pour le deuxième et enfin 21 mètres pour le dernier. Ces constructions qui ont été orientées de façon à offrir des vues imprenables sur six sites emblématiques de Metz et de son agglomération, accueilleront des expositions temporaires avec une rotation de quatre à six par an.
« Chefs-d’oeuvre ? », une exposition exceptionnelle à découvrir
Pour la première exposition inaugurale du Centre Pompidou-Metz, Laurent Lebon, directeur de la structure, a décidé de mettre les petits plats dans les grands. Un grand rendez-vous, qui s’achèvera dans sa configuration actuelle le 25 octobre 2011, propose une réflexion sur la notion de chef d’œuvre, son sens et ses attributions, à travers son histoire et son actualité. Le visiteur déambulera à travers les différents espaces dédiés où seront présentés quatre chapitres sur l’art contemporain depuis le Moyen Age jusqu’à la fin du XXème siècle sous toutes ses formes pluridisciplinaires : arts graphiques, installation, peinture, vidéo, cinéma, design, sculpture, architecture, photographie et œuvres sonores. On n’a pas lésiné sur les moyens puisque 800 œuvres seront exposées dont 500 provenant de la maison mère à Paris. Les autres ont été prêtées par des musées aussi prestigieux que le MOMA de New-York, le Mudam de Luxembourg ou le Louvre. Ainsi, le public pourra-t-il découvrir dans la Grande Nef, la thématique chefs-d’œuvre dans l’histoire, dans la galerie 1, Histoire de chefs d’œuvre, dans la galerie 2 Les rêves de chefs-d’œuvre, et enfin dans la galerie 3, Chefs-d’œuvre à l’infini. Le Beaubourg messin participera également à la 6ème édition de la Nuit des musées, les 15 et 16 mai prochains avec des festivités pour l’occasion dans la nuit du samedi au dimanche.
Laissez-vous guider…
Le Centre Pompidou-Metz s’étend sur une superficie de 10 700 m² dont 5 000 seront dédiés aux expositions temporaires. Car la particularité de l’établissement culturel est de ne posséder aucun stock d’œuvres. Pour présenter ses évènements artistiques, le musée devra emprunter à travers le monde, ou dans la collection privée du Centre Beaubourg parisien. Au rez-de-chaussée,le lieu d’accueil de la structure, le forum, pluridisciplinaire et gratuit, pourvu d’un centre de ressources, permettra un accès, sur la gauche, à la librairie-boutique et à la billetterie. Devant, la tour hexagonale offre la possibilité aux visiteurs de se diriger vers les différents étages grâce notamment à un escalator, à un ascenseur et à un escalier. Au fond sur la droite, le bar « 333 » et le restaurant « La Voile blanche » d’une capacité totale de 100 couverts. Ensuite, la partie payante, la nef centrale, située également sur la gauche de l’entrée, est prévue pour les expositions. Le studio, derrière le bar « 333 », d’une capacité de 144 places, accueillera du théâtre et les spectacles vivants, avec des gradins rétractables offrant au total 196 places. L’auditorium, au même niveau que « La Voile Blanche », abritera des conférences, des projections de films ou des débats. Enfin, on trouve trois grandes salles superposées de 1 150 m² chacune.
La culture a un coût… le Centre Pompidou-Metz aussi !
Le temps où le budget total de construction du Centre Pompidou-Metz ne devait pas excéder les 35 millions d’euros semble bien révolu. Si dans tous les projets ambitieux de cette trempe, il existe inévitablement un dépassement d’ordre financier, la facture (assurances comprises) de l’entreprise BTP Demathieu & Bard présentée à la Communauté d’agglomération Metz Métropole atteint les 65 millions d’euros. N’oublions pas d’en rajouter au moins 7 pour les aménagements extérieurs effectués par la Saremm (Société d’aménagement et de restauration de Metz métropole). Soit un total de 72 millions d’euros. De quoi donner le tournis. Mais à titre comparatif, l’antenne du Louvre qui ouvrira ses portes à Lens en 2012 avoisinera pour sa part les 83 millions d’euros. Ensuite, pour les frais annuels de fonctionnement – entretien du bâtiment, salaires des personnels et projets artistiques – la structure culturelle a besoin d’une enveloppe de 10 millions d’euros. La répartition des subventions publiques entre les collectivités territoriales pour 2010 est la suivante : 4 millions viendront du Conseil Régional de Lorraine, 3,6 millions de Metz Métropole, 1 million de l’État, 400 000 euros de la ville de Metz et 1 million estimé proviendra des recettes propres du Beaubourg messin. Toutefois, il ne faut surtout pas écarter l’hypothèse selon laquelle une augmentation des charges serait possible, et par conséquent une ardoise plus lourde pour le contribuable en 2011.
Article publié le 3 mai 2010 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JML – A quelques jours de l’ouverture, les équipes qui accrochent les tableaux sur les cimaises sont en pleine effervescence. Dernière ligne droite avant que le public puissent voir les chefs-d’œuvre.