Le centre Pompidou-Metz, loin d’être un ovni parisien
La Plume Culturelle a rencontré, à quelques heures du lancement de « Constellation », le directeur de l’association de préfiguration du centre Pompidou-Metz Laurent Le Bon. Il revient sur cet évènement culturel à rayonnement régional, sur l’approche de l’art moderne avec le public mais également sur la tarification et le budget de la structure.
La Plume Culturelle : A quelques heures de la manifestation Constellation, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous ?
Laurent Le Bon : Je suis un peu anxieux avec le temps mais en Lorraine, il fait toujours beau. Malheureusement, je crois que les prévisions ne seront pas excellentes. Toutefois, je sens un frémissement dans la ville et un intérêt certain de la part de la population. Je rappelle que l’évènement est gratuit et que c’est une sorte de manifestation laboratoire avec l’idée qu’on peut se promener, rêver et découvrir le patrimoine de Metz du 21ème siècle. Et dans certains de ces lieux, des œuvres majeures de la collection du Centre Pompidou.
LPC : Est-ce pour vous un test grandeur nature entre le public, l’art contemporain et le Centre Pompidou-Metz ?
LLB : Oui, c’est effectivement un test pour tous mais il faut rendre hommage à tous nos amis-acteurs culturels qui depuis longtemps défendent l’art moderne et contemporain. L’esprit de « Constellation », je le dis parfois, c’est d’être une étoile parmi les autres et non pas un ovni parisien parmi les étoiles. Je pense que cette aventure ne fonctionnera qu’à condition que nous allions dans la même direction, chacun conservant son identité.
LPC : En prenant vos fonctions de Directeur de l’association de préfiguration du Centre Pompidou-Metz, vous parliez d’une politique d’expositions « tout temporaire ». Pouvez-vous précisez cette notion ; et est-elle toujours d’actualité ?
LLB : Plus que jamais. D’ailleurs, dans cet esprit, « Constellation » en est un exemple. De quel constat suis-je parti ? Un musée propose des collections permanentes qui durent plusieurs années ou décennies. Quant à un centre d’art, c’est un lieu d’exposition temporaire qui entretient de la dynamique dans l’offre culturelle et qui pousse le visiteur à revenir. Au Centre Pompidou-Metz, nous avons voulu proposer un compromis entre les deux avec des expositions temporaires fondées sur des collections Pompidou avec lesquelles se fera une synergie de rotation. A partir de ce principe-là, nous renouons avec l’esprit originel du centre Pompidou parisien qui avait été le premier à renouveler ses accrochages.
LPC : 35 manifestations culturelles gratuites pour « Constellation » : est-il envisageable dans l’avenir que vous continuiez à proposer au public des évènements gratuits ?
LLB : Évidemment, surtout si « Constellation » est un succès, on réfléchira pour aller de l’avant. Dès à présent je peux annoncer une prochaine manifestation qui commence à prendre place à Metz, c’est la « nuit blanche » qui demeurera également gratuite. Quant au Centre Pompidou-Metz, le bâtiment en soi sera totalement gratuit pour le Forum, qui est une pièce majeure architecturale, et nous aurons probablement une politique de gratuité pour de nombreuses catégories de visiteurs.
LPC : Quelle sera la politique de tarification pour le public ?
LLB : Nous avons voulu une grande lisibilité sur le sujet puisqu’il n’y aura qu’un tarif plein qui n’excèdera pas les 7 euros. Il n’y aura pas de réduction possible. Nous avons également pensé, pour celles et ceux qui souhaiteraient revenir régulièrement, notamment les Messins, à une politique d’abonnement et d’adhésion très avantageuse.
LPC : le Centre Pompidou-Metz, juste une ambition pour Metz d’être une place forte de l’art contemporain, ou une réelle politique d’ouverture auprès d’un public régional ?
LLB : Je n’opposerais pas les deux, et j’insisterai sur la spécificité de notre projet culturel qui est de remonter au début du 20ème siècle. Alors on peut considérer que Picasso, Matisse ou Braque sont des artistes contemporains, puisque l’art est contemporain d’une époque, mais je pense que dans l’esprit d’un grand nombre de personnes, le contemporain c’est plutôt de l’art qui se situe après les années soixante et soixante-dix. Donc nous voulons mettre en résonance des œuvres déjà inscrites dans l’histoire de la modernité et des œuvres contemporaines. Plus le public sera nombreux et plus nous serons heureux.
LPC : Qu’en est-il maintenant du bouclage du budget annuel de fonctionnement pour le Centre Pompidou-Metz ?
LLB : Par définition, le budget est bouclé depuis le départ puisque nous avons toujours déclaré et inscrit dans la convention que cela coûterait environ 10 millions d’euro par an pour que le Centre Pompidou-Metz fonctionne dans de bonnes conditions. Nous n’avons jamais menti sur le sujet. Aujourd’hui, nous cherchons des équilibres entre les différents partenaires, démarche qui devrait aboutir avant l’été.
LPC : Pourtant, il vous manque encore trois millions que le Conseil Régional se propose d’apporter ?
LLB : C’est une proposition comme une autre, il y a aussi les amis du Conseil Général. N’oublions pas que nous espérons quelques visiteurs… qui engendreront des ressources propres que nous estimons à 1 million d’euros.
Article publié le 15 mai 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JML – Laurent Le Bon, directeur de l’association de préfiguration du centre Pompidou-Metz, croit au succès de « Constellation ».