Culture? Culture, vous avez dit culture?
Pourquoi le terme culture effraie-t-il autant les Français ? Ne souriez pas, le sujet est sérieux. Interrogez donc vos proches sur l’image qu’ils ont du mot, ou sur la définition qu’ils donneraient du concept, et je pense que vous pourriez avoir des surprises. Je ne parle pas seulement de celles et de ceux qui appartiennent à une classe sociale favorisée – là aussi désillusion, déception et colère pourraient naître si l’on creusait un peu – mais aussi de certains laissés pour compte du système défaillant de l’Éducation nationale qui abandonne sur le bord de la route, beaucoup trop de ceux qui passent entre ses mains.
Alors pourquoi quelques-uns d’entre nous estiment-ils ne pas être à leur place lorsqu’ils visitent un musée, une exposition ou un spectacle ? Pourquoi la gêne et la honte de ne pas savoir poser des mots sur ce qu’ils perçoivent sont-elles aussi palpables ? Ne devons-nous pas remédier à cette situation inadmissible ? Est-il normal que l’accès à la moindre manifestation dite « culturelle » soit si cher, et donc réservé de facto à ceux qui « ont les moyens » ? À l’évidence cependant, pour d’autres personnes, la connaissance et la curiosité ne sont pas des priorités. Imperméables aux différents mondes de l’ouverture et de la découverte des patrimoines artistiques, elles préfèrent s’adonner aux jeux vidéo sur leurs consoles ou se faire lobotomiser tous les jours par la télévision (voire les deux pour les plus récalcitrants au savoir).
J’en terminerai sur le sujet avec un passage du livre le roman de la place Stanislas (éditions Place Stanislas –12€) d’Élise Fischer (que je vous conseille de découvrir si ce n’est déjà fait) qui m’a particulièrement touché et résume bien la situation telle que je vous la décris : « selon le milieu d’origine, certaines démarches culturelles ne sont pas accessibles au plus grand nombre, sauf si une préparation est faite. […] Toute personne d’où qu’elle vienne est capable de ressentir de l’émotion face à une œuvre d’art. Il suffit, au propre comme au figuré, de la prendre par la main et de lui expliquer ». Et « prendre un enfant par la main », quel programme !
Alors comme m’a répondu une personne à qui je posais la question fatidique présentée au début de cet édito, pour éviter l’appréhension et l’inquiétude sur ledit mot : « Exit la culture et bonjour les loisirs ! ». Pirouette qui, vous en conviendrez, ne fait pas avancer d’un pouce le débat !
Sans plus attendre, je vous laisse découvrir le numéro de mars 2008 de la Plume Culturelle. Bonne lecture, et à bientôt.
Édito publié le 5 mars 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.