La culture sous toutes ses formes au Frac Lorraine
Le Fonds régional d’art contemporain en Lorraine existe depuis 25 ans et ses détracteurs, nombreux, critiquent la politique culturelle de l’institution publique, pour les uns inutile et élitiste, pour d’autres, représentant un aspect effectif de la culture dans notre société. Toutefois, il s’avère que les Lorrains connaissent peu le fonctionnement ou l’existence du Frac. Essayons d’y voir un peu plus clair.
Chaque région française possède son propre Fonds Régional d’Art Contemporain, structure créée par le Ministère de la Culture en 1982. La mission première de ces institutions consiste à rassembler en une collection permanente les œuvres acquises auprès d’artistes sur le plan régional, national ou international et de les proposer au public, sous la forme d’expositions thématiques temporaires, tout au long de l’année. Aujourd’hui, chaque FRAC se constitue une identité distincte grâce notamment à ses actions et manifestations locales. Le Frac Lorraine fut fondé en 1983 et jusqu’en 2004, les expositions parcouraient les quatre coins de la région dans des lieux insolites (espaces publics, sites militaires, théâtres, galeries, voire usines désaffectées ou abribus). Sous la direction de Béatrice Josse, le Frac s’installe dans les locaux réhabilités de l’hôtel Saint-Livier situé au centre ville de Metz, en mai 2004.
Cet espace chargé d’histoire et datant de la fin du XIIème siècle accueille l’art contemporain depuis quatre ans, et pourtant, pour un nombre non négligeable de Lorrains, l’acronyme Frac ne signifie pas grand-chose. Fustigée ou portée aux nues, l’institution lorraine ne laisse pas indifférents celles et ceux qui en connaissent l’existence. Depuis 1993, Béatrice Josse, seule à ses débuts puis rejointe par une équipe, se démène pour populariser l’art contemporain, pas toujours apprécié ou parfois mal compris par ses détracteurs. Perçu comme un superflu, et même parfois une supercherie coûtant cher au contribuable, on le prétend destiné exclusivement à une catégorie très limitée de la population. « Faux, déclare Hélène Guenin, chargée des projets artistiques et de la communication au Frac Lorraine. Nous avons un devoir d’exigence et d’ambition vis-à-vis du public dont nous pensons qu’il est curieux, explique-telle. Il nous appartient de mettre en œuvre tous les outils les plus exigeants pour l’amener à nous. » En présentant différents supports ou aspects de l’expression artistique, le Frac ouvre la porte à des secteurs culturels multiples comme le cinéma, la littérature, la gastronomie, la musique ou la danse pour une expérimentation à la fois unique et originale.
Sur une surface de 468 m² qui rassemble des expositions, avec un centre de documentation qui répertorie un peu plus de 4000 références traitant de l’art contemporain dans le monde, le public dispose ainsi d’ouvrages et de revues mais également de supports audios et vidéos qu’il peut consulter sur place. Il existe également une salle de projections pour diffuser quelques films en adéquation avec l’exposition en cours. « Nous sommes une passerelle entre le cinéma, les livres et les expositions qui sont uniques et temporaires, et que nous assemblons comme un puzzle parmi les 600 œuvres de la collection, indique Hélène Guenin. » Un peu plus de 30 000 personnes ont pu contempler en 2007 les compositions thématiques des manifestations au « 49 Nord 6 Est * ».
Les œuvres acquises par le Frac Lorraine regroupent à la fois des objets, des réalisations, des photographies mais aussi des concepts qui peuvent être installés dans des lieux à chaque fois réaménagés. L’institution publique ne reste pas ancrée sur Metz mais propose des actions culturelles et la diffusion de sa collection à travers la Lorraine ainsi que la Grande région (Allemagne, Belgique et Luxembourg).
Il ne reste plus au public lorrain qu’à s’aventurer au 1bis rue des Trinitaires pour avoir un avant-goût de l’art visuel et observer l’univers atypique des artistes contemporains. Toutefois, si un grand nombre de manifestations méritent que l’on s’y intéresse et s’y attardent, permettant d’appréhender le contemporain d’une façon inattendue, d’autres le sont un peu moins car elles exigent parfois un cheminement de l’esprit quelque peu tordu, là où il ne devrait pas y en avoir face à l’évidence ou au rien, et poussent même le spectateur à des éclats de rire ou des moues dubitatives. Mais nous savons tous bien sûr que chacun reste seul juge pour apprécier l’art à sa manière !
* surnom donné à l’hôtel Saint-Livier, en référence à sa latitude et à sa longitude, et qui a été peint en larges lettres sur la tour du bâtiment.
Article publié le 5 février 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC|JML – Façade avant de l’hôtel Saint-Livier où le Fond Régional d’Art Contemporain réside depuis 2004.