La Plume Culturelle

« Déca­lage immé­diat » selon Éric Blanc

De retour en Lorraine, après quatre années d’ab­sence, Éric Blanc joue son one-man-show au Vertigo à Nancy dès ce soir et jusqu’au samedi 29 novembre 2008. Un spec­tacle hila­rant où l’hu­mo­riste met en scène un homme qui idéa­lise  la France à travers la litté­ra­ture des « Lumières » et découvre en réalité un monde cynique et violent.

Le café-théâtre nancéen le Vertigo accueille durant trois soirs, l’hu­mo­riste Éric Blanc avec son dernier spec­tacle Déca­lage immé­diat, l’iti­né­raire d’un Noir allumé. Une pièce écrite avec son complice de toujours René-Samuel Lévy, œuvre origi­nale où se mêlent la réflexion intel­lec­tuelle et la déri­sion par le rire. « Je brosse un tableau sans conces­sion de la société moderne », indique, espiègle, l’ar­tiste.

L’his­toire débute dans un village d’Afrique où Sauveur, un jeune indi­gène qui souhaite faire le bien autour de lui, idéa­lise et découvre la France à travers la litté­ra­ture des auteurs du siècle des « Lumières » ensei­gnée par son père. Il rêve de décou­vrir cette terre si loin­taine où rayonne la culture qu’il affec­tionne depuis son enfance. Après une colli­sion entre deux concur­rents du Paris-Dakar, il assiste impuis­sant à la bagarre entre les deux prota­go­nistes dits « civi­li­sés » durant laquelle pleuvent des noms d’oi­seaux. Prenant son courage à deux mains, il entre­prend un périple semé d’em­bûches qui verra s’ac­cu­mu­ler de multiples péri­pé­ties au fur et à mesure de son voyage dans l’hexa­gone. Son projet : sauver coûte que coûte « les Blancs de la noir­ceur ».

Pour ses auteurs, « la pièce de théâtre demeure huma­niste, vivi­fiante et salu­taire, véri­table bouf­fée d’oxy­gène dans une époque trou­blée ». Selon Éric Blanc, il devient de plus en plus diffi­cile de penser par soi-même. C’est ainsi qu’une série de portraits de sa compo­si­tion apporte au spec­tacle une authen­ti­cité certaine, et les person­nages brillam­ment inter­pré­tés avec un brin de malice et d’es­prit revêtent une évidente sensi­bi­lité. Le public ne pourra qu’ap­pré­cier la justesse du jeu et du ton. « Sauveur, il va lui arri­ver un tas de choses en France. Il ne va pas tout comprendre tout de suite », explique l’ar­tiste, et de préci­ser sa pensée : « ça lui sera béné­fique plus tard pour lui-même et pour donner un réel sens à sa vie. »

Le scéna­rio s’ins­pire de la vie de l’hu­mo­riste. De la terre de ses ancêtres à celle de la cité des philo­sophes, il n’y a qu’un pas qu’É­ric Blanc a su fran­chir en dépei­gnant des situa­tions cocasses et hautes en couleur. Avec le rire tout est permis, il libère l’es­prit ; mais au travers des événe­ments mis en scène par l’ar­tiste, le rire et l’hu­mour il nous laisse la savou­reuse possi­bi­lité d’ana­ly­ser les circons­tances et leurs retom­bées. « Ce que je souhaite de la part des spec­ta­teurs », insiste l’in­té­ressé : « c’est qu’ils me disent après avoir vu la pièce : ‘‘on a changé notre manière de voir les choses’’ plutôt que ‘‘on s’est bien poilé’’ ».

Avec Éric Blanc, le rire ne sert pas seule­ment à s’es­claf­fer devant un texte, il permet égale­ment de réflé­chir. Telle­ment rare de nos jours ! A voir, à décou­vrir sans plus attendre au Vertigo.


Article publié le 27 novembre 2008 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo : © LPC|Happy­ness Produc­tion – Éric Blanc utilise l’hu­mour pour tirer un portrait sévère de la société moderne.


 

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