« La Fée d’Yvert » ouvre son univers à Didigianel et David Loison
Depuis le 18 septembre dernier et jusqu’au 14 novembre prochain, la boutique de créateurs « La Fée d’Yvert », située à Metz, expose dans sa nouvelle galerie les œuvres des artistes David Loison et Didigianel. Le monde de la photographie et du collage numérique inaugure l’endroit dédié à la mode et à la décoration pour encore un mois.
« La fée d’Yvert » semble une enseigne sortie tout droit d’un livre de contes pour enfant. Un nom qui sonne dans les oreilles comme une mélodie. Pourtant, ce n’est pas l’héroïne d’une histoire pour les petits mais le nom d’une boutique de créateurs qui existe depuis fin 2005 à Metz. Entre l’église Notre-Dame et un restaurant italien, la fée des lieux, Amandine Yvert, propose des créations originales, textiles, accessoires de mode et décoration. Petit plus depuis peu, s’y sont ouverts un salon de thé ou de café et une galerie où les artistes peuvent exposer leurs œuvres. « Les gens n’osent pas toujours pousser la porte des musées ou des galeries traditionnelles », explique la jeune trentenaire. « Alors des amis m’ont donné l’idée de créer un lieu qui proposerait de l’art vraiment accessible à tous et hors des circuits classiques ». Les premiers à inaugurer les lieux depuis septembre : David Loison et Didigianel.
L’univers scénarisé de David Loison…
Il suffit de peu pour se lancer. Un ami qui vous encourage et qui croit en votre potentiel. Alors si en plus, cet ami possède un magasin à Metz et vous offre la possibilité d’exposer votre travail, pourquoi ne pas sauter le pas ? Ainsi, David Loison se jette à l’eau. Commercial dans une boîte franco-allemande le jour, il devient photographe amateur pendant son temps libre. Sa première production est immortalisée grâce à un téléphone portable. Une série de photos atypiques d’urinoirs, de lavabos et de trônes, imprimée en format poster. « J’ai fait un constat sur les toilettes. Elles ne sont pas normalisées. Qu’on aille dans une chaîne de fastfood ou dans des stations-service estampillées, tous les lieux d’aisance sont différents », raconte le photographe qui voyage régulièrement dans le cadre de son travail en France et à l’étranger. Modeste, l’artiste ajoute : « Le travail que j’ai entrepris, tout le monde peut le faire. Il suffit d’avoir l’idée et de ne pas se bloquer en pensant qu’on n’a pas les compétences requises pour le mener à son terme. »
Après sa période WC en tout genre, David Loison cherche encore sa voie artistique même si, après tout, il ne se consacre à l’art de la photo que depuis un an environ. Les œuvres présentées à « la Fée d’Yvert » révèlent un jeu d’ombres et de lumières voulu. Mais ce qui lui plaît davantage, c’est la mise en scène sur les clichés de ses idées et de sa personne, une réelle scénarisation des images. « Nous avons tous une part de narcissisme », sourit-il, puis en regardant sa voisine, Amandine d’Yvert, il ajoute: « Au lieu de capter l’instant présent, moi je préfère le construire selon mes idées. » Pas de message particulier à transmettre au public, juste une présentation orientée de son inspiration débordante. Et ça, il en a revendre. D’ailleurs, il n’y a qu’à le constater… sur place.
Les collages revendicatifs de Didigianel
Si les collages numériques de Didigianel présentés à « la Fée d’Yvert » revêtent un petit côté rétro et enfantin, les personnages qui gravitent dans les œuvres ne paraissent pas vraiment sympathiques. Leurs sourires narquois vous interrogent avec mépris et leurs yeux globuleux vous dévisagent avec insistance. L’environnement dans lequel ils voyagent regorge de références signalétiques, de marques imaginées ou réelles, de slogans ou de phrases à la formulation publicitaire. Daniel Gianella, alias Didigianel, est un ancien designer industriel qui a choisi une voie plus artistique. Sa démarche consiste à prendre le pouls de son époque, et à produire avec doigté des images esthétiques et revendicatives. « Je tente d’y apporter une réflexion et du sens afin d’y dénoncer les dérives récurrentes de notre société », explique-t-il. Son travail aborde des thèmes sociétaux et politiques mais son leitmotiv reste toutefois de dénoncer l’abus de la consommation poussée à son paroxysme.
Comme il n’a pas sa langue dans sa poche, ce n’est pas seulement dans sa créativité artistique que Daniel Gianella aborde ces thèmes. Il aime aussi remettre en question les règles établies même dans le secteur de l’art. Pour lui, proposer au public un plus grand nombre d’épreuves par œuvre, au lieu d’un exemplaire unique, et à des prix abordables, devient une logique implacable. Surtout avec les moyens techniques de la numérisation. « Actuellement, le système marche sur la tête. On privilégie la hausse des prix des œuvres, ce qui empêche d’acheter un grand nombre d’amateurs qui ne peuvent plus que regarder », n’hésite pas à signaler Didigianel, avec une certaine ironie. Coup de gueule militant. En préparation un nouveau collage numérique qui s’inspirera de l’arche de Noé. Référence aux montées des eaux et au contexte écologique. Rien n’échappe à l’artiste, surtout pas l’actualité.
Le vernissage aura lieu le 9 octobre prochain à 18h00 à la boutique « Fée d’Yvert ». Une performance photographique proposée par David Loison aura lieu à cette occasion avec la collaboration du public. Curieux ? La maîtresse de maison et les artistes vous y attendent…pour un bon mois encore.
Article publié le 7 octobre 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JML – « La Fée d’Yvert » accueille les œuvres de Didigiane (collage 21 sur la gauche de la photo) et de David Loison (sur la droite devant ses clichés).