Florange rend hommage à Rémi Ochlik
Le 22 février dernier mourait à Homs (Syrie) le photographe de guerre Rémi Ochlik originaire de Florange. Pour lui rendre hommage, la municipalité a décidé, avec l’aide du Club de la Presse et de la communication de Metz-Lorraine et de l’association « Le Mètre carré », de lui rendre un hommage posthume avec une exposition qui retrace en 15 clichés le travail du photo-reporter pendant le printemps arabe. Ouverte depuis le 14 septembre, elle s’achèvera le 16 octobre prochain.
Il aura fallu attendre le 22 février 2012 pour que le grand public apprenne par les médias la disparition prématurée, et par la même occasion l’existence, de Rémi Ochlik. Ce jeune photographe de guerre, âgé d’à peine 28 ans, est décédé à Homs en Syrie lors du bombardement du centre de presse où il se trouvait par les forces armées de Bachar al-Assad. Aussi pour lui rendre hommage et présenter au public le travail du jeune homme, la ville de Florange, où le photo-reporter a vécu toute sa jeunesse, en coproduction avec le club de la presse et de la communication de Metz-Lorraine, et de l’association « Le Mètre carré » a décidé de mettre en place une exposition temporaire dans la médiathèque de Florange. Quinze clichés qui couvrent la période du 26 mars 2011 à la mort de Rémi Ochlik, dans divers pays comme la Lybie, l’Egypte, la Tunisie et la Syrie, où, à l’exception pour l’instant de la Syrie toujours en guerre, le soulèvement populaire a permis l’effondrement des diverses dictatures en place.
« Au plus près… du printemps arabe » : une exposition émouvante
Quinze photos poignantes témoignent, à travers le regard affûté de Rémy Ochlik, d’évènements qui se sont déroulés durant les diverses révolutions arabes. Chacune d’entre elles dégage émotions et sentiments grâce aux scènes happées sur le vif. Que penser de celle où l’on voit un jeune manifestant tunisien crier et pleurer la mort de son frère torturé à mort cinq jours plus tôt par la police secrète ? Ou encore du cliché montrant la centaine de Libyens fuyant leur pays ? Tristesse, colère ou empathie, impossible de toute façon qu’elles laissent le visiteur indifférent. La netteté de certaines scènes apparaît bluffante au point d’imaginer que les personnages immortalisés pourraient déambuler dans la salle. Rémi Ochlik a su, avec adresse, capturer pour retranscrire par l’image cette part d’humanité et de sensibilité que propage chaque sujet photographié. Mais les lieux nous rappellent aussi que la désolation, la peur et la souffrance représentent les émotions quotidiennes entretenues par les personnages. La guerre urbaine s’est approprié l’environnement et ses habitants.
Une amie d’enfance à l’origine de l’exposition
L’idée de l’exposition a germé dans l’esprit d’Emmanuelle Potier, une amie d’enfance de Rémi Ochlik, qui préside également l’association « Le Mètre carré ». C’est au lycée qu’elle a connu le jeune homme qui pratiquait déjà la photographie argentique. « C’était un vrai passionné ! Il aimait prendre ses amis en photo. Quand il est devenu photo-reporter, c’était une évidence pour moi », se souvient-elle. Présenter le travail de Rémy Ochlik au public, Emmanuelle Potier y avait pensé depuis longtemps, bien avant la disparition de son ami : « De son vivant, je lui en avais parlé mais il n’était pas intéressé. Pour lui c’était quelque chose de figé. Il aimait l’action, le terrain. Tant qu’il était reconnu pour son travail par sa profession, cela lui suffisait. » Pour la jeune femme, il était important de rendre hommage à l’enfant de Florange par une exposition. « Les gens de la région ont entendu parler de lui mais ne savent pas qu’il est Lorrain », explique Emmanuelle Potier. Et de conclure : « C’est une façon de dire au public “attention il ne venait pas seulement de Paris mais bien d’ici, à côté de chez vous”. »
Photo-reporter… une passion, un métier, une profession !
Même discours pour Cyril Destracque, le président du club de la presse et de la communication Metz-Lorraine : « Nous avons voulu mettre en valeur le travail de Rémy même s’il n’était pas membre de l’association. D’une part, il était de la profession et d’autre part, il était quand même originaire de Florange. Nous ne pouvions pas passer à côté. » Une façon également de montrer que le club de la presse est une structure active qui sait organiser des évènements au cœur des métiers de la presse « Le club est là pour souligner le travail des journalistes et des photographes même lorsqu’ils nous ont quittés », affirme l’intéressé. D’ailleurs un concours est organisé jusqu’au 8 octobre 2012 en parallèle de l’exposition. L’objectif étant de sensibiliser les enfants et les jeunes à la pratique de la photographie en général et du photojournalisme en particulier, mais aussi aux enjeux spécifiques du travail de l’image dans la société actuelle. Les participants devront interpréter le leitmotiv de Rémi Ochlik « Au plus près » en regardant ce qui se passe autour d’eux. Une belle initiative qui pourrait permettre, qui sait, de susciter des vocations auprès des candidats.
Article publié le 19 septembre 2012 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|Rémy Ochlik – Place Tahrir, un jeune manifestant anti-Moubarak jette des pierres aux pro-Moubarak.