« Galerie ToutouChic » : un nouvel espace messin pour les artistes en devenir
Sous l’impulsion de Vanessa Steiner et de Cédric Shili, deux jeunes artistes messins, une nouvelle galerie d’art contemporain a ouvert récemment ses portes dans la capitale mosellane. Située au 23 de la rue de La Haye, dans les anciens locaux d’un toiletteur pour animaux de compagnie, l’endroit se veut un lieu dédié aux créatifs en devenir et ouvre aux jeunes générations d’artisans de la culture une voie décalée qui bouscule les codes établis.
Du local de l’institut de beauté pour chiens, fermé il y a quelques années, il ne reste plus grand-chose d’apparent. A part le carrelage blanc crème du sol, la baignoire au fond de la pièce et les rideaux de la vitrine, du mur au plafond un blanc immaculé apporte une nouvelle fraîcheur aux 40 m² ouverts au public. Ce qui retient davantage aujourd’hui l’attention des visiteurs, ou qui intrigue les promeneurs, c’est bien le nom de l’établissement culturel : « Galerie ToutouChic ». Un nom aussi atypique que séduisant selon les deux concepteurs du projet, Vanessa Steiner et Cédric Shili. « Nous voulions à la fois conserver les caractéristiques du lieu et jouer sur l’humour et le décalage thématique de l’endroit par rapport à l’art », explique amusée la jeune artiste de 30 ans.
Sortis de l’école des Beaux-Arts de Metz, il y a trois ans, ils ont fondé le collectif « Module Ranch ». Un duo atypique dans lequel chacun des membres a pu réaliser ses impulsions et ses envies lors de projets où le graphisme s’intégrait parfaitement à des performances et des installations in situ. Néanmoins, les deux fondateurs de la « Galerie ToutouChic » ont dû se résoudre à un amer constat : « Pour de jeunes collectifs, il est de plus en plus difficile de trouver des lieux d’exposition, de vendre ses œuvres aux Frac par exemple ou à des collectionneurs ». D’où l’idée, qui a germé il y a un peu plus d’un an dans la tête de ces deux plasticiens, de créer un endroit ouvert aux artistes en devenir. Motivés dans leur projet, ils y ont mis toutes leurs économies, et la Drac Lorraine ainsi que la ville de Metz soutiennent leur initiative culturelle.
Galeries d’art : « pas de concurrence. Chacun a sa spécificité »
Bien qu’il existe un nombre important de galeries à Metz, pour Vanessa et Cédric il n’y a pas de concurrence. Chacune a sa spécificité, et en ce qui les concerne ils souhaitent casser les codes établis dans ce nouveau genre d’établissement. « Nous proposons des expositions qui s’ouvrent vers le monde de l’art graphique et plus particulièrement vers l’édition et la typographie », signale la jeune femme qui rajoute : « nous valorisons aussi ce qui touche à l’image grâce notamment à des installations in situ. » Depuis l’ouverture le 30 septembre dernier, trois artistes ont présenté leur travail : Seven Seas en octobre, Pandabold en novembre et enfin Alain Colardelle en décembre. Une synergie et une forte activité qui commencent à porter leurs fruits puisque le nombre de visiteurs augmente, offrant aux deux galeristes la possibilité de proposer une exposition par mois.
Si le projet de Vanessa Steiner et de Cédric Shili demeure ambitieux, il n’en reste pas moins un sacré challenge pour les deux artistes qui n’ont jamais reçu de formation pour une telle entreprise : « Nous avions envie de voir l’envers du décor », raconte la jeune plasticienne. « Le cursus des Beaux-Arts n’ intègre en aucun cas la façon de gérer une galerie d’art. Pourtant, l’expérience est enrichissante car on y apprend à faire de l’administratif et de la gestion, un travail qui n’a rien d’artistique », indique-telle, sourire aux lèvres, encore émerveillée par le résultat de tant d’efforts.
La position sociale des créatifs…
Les deux jeunes trentenaires ne sont cependant pas des naïfs. Si l’ouverture de la « Galerie ToutouChic » apporte un espace d’exposition supplémentaire à la nouvelle génération d’artistes à Metz, il y a encore du travail pour asseoir la position sociale des créatifs ! « La culture fait partie de l’existence des individus », souligne Vanessa Steiner. « Après le boulot, les gens sortent pour se changer les idées. Ils vont au cinéma, au musée, voir des expositions et ils trouvent cela normal. Pourtant les créatifs doivent aussi pouvoir vivre de leur travail, avoir un statut, et en France cela n’est pas possible. Les artistes sont mal représentés », insiste-t-elle. Un coup de gueule sur une situation qu’elle et lui subissent chaque jour, malgré leur énergie chevillée au corps.
Alors si l’initiative de la « Galerie ToutouChic » a de quoi susciter l’intérêt du public, espérons au moins que les collectivités publiques seront toujours présentes pour la soutenir, il y va de l’avenir de la création artistique.
Article publié le 3 janvier 2011 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JeanVier – Cédric Shili et Vanessa Steiner, les deux co-fondateurs de « Galerie ToutouChic ».