Jeanne Mas revient avec un nouvel opus : « Bleu citron »
De passage à Metz mardi dernier à l’occasion de la sortie de son dernier album « Bleu citron », Jeanne Mas a rencontré ses fans au forum de la Fnac. L’artiste en a profité pour débuter, en une journée, sa tournée des popotes avec les médias lorrains pour la promotion de son CD. Portrait d’une femme libre et créative qui aime surprendre.
Qui ne se souvient pas de la sulfureuse Jeanne Mas dans les années quatre-vingt ? Une chanteuse à l’allure gothique avec une coiffure parfois garçonne, parfois femme fatale et au franc-parler assumé ? Elle a enchaîné des tubes, devenus aujourd’hui incontournables et même des références pour situer l’époque, tels que « Toute première fois », « Johnny, Johnny » ou « En rouge et noir ». Vous visualisez maintenant ? Eh bien l’artiste nous revient avec un nouvel album fraîchement pressé intitulé « Bleu citron ». Évidemment, n’imaginez pas un ultime comeback de sa part puisqu’elle en est à son 13e CD. Lorsqu’on aborde la période de ses grands succès, Jeanne Mas ne regrette pas de s’être arrêtée. « J’avais des choses à dire et j’écrivais des textes parfois assez crus, cela plaisait au public, je n’étais pas comme les autres artistes », explique-t-elle en sirotant son jus fruité. Comme pour clôturer un chapitre de sa vie, elle précise avec un large sourire : « J’avais tout dit et je souhaitais aussi passer à autre chose. Le principe d’un artiste, c’est d’être libre, et à ce moment-là, je ne l’étais plus vraiment ! »
« Je travaille toujours dans l’urgence,
s’il n’y en a pas, si c’est lent, je suis incapable de créer »
Curieuse et touche-à-tout…
Jeanne Mas a en effet une fâcheuse tendance à sortir des sentiers battus. Une façon de cultiver sa différence et d’apprécier une certaine créativité non formatée. « J’aime prendre des risques et explorer de nouvelles tendances musicales ; je trouve important l’ouverture d’esprit, savoir se renouveler et évoluer en permanence. Et tant pis si on prend des claques ! », souligne la chanteuse. Ainsi, chaque album aborde un style mélodique particulier : rock pour « Jeanne Mas et les Égoïstes » (1996), comédie musicale pour « Les amants de Castille » (2003), électro/dance pour « The Missing flowers » (2006) ou encore country pour « Be West » (2008). Et pour « Bleu citron » ? Cela sonne très électro/pop tendance rock. Jeanne Mas reviendrait-elle à ses premières amours ? Mystère ! En tout cas sur Internet, les fans semblent accueillir favorablement l’opus. « Le public me réclamait, et puis il était plus simple pour moi de défendre « Bleu citron » qu’un autre à la sonorité country ou rock américain », affirme-t-elle. Country ? Rock américain ? Il faut savoir que depuis six ans, Jeanne Mas vit à Phoenix en Arizona (États-Unis) et puise son inspiration sur place.
USA : un vent de liberté… de ton !
Pour l’artiste, les États-Unis permettent une certaine liberté, une certaine créativité et procurent une positivité incroyable qu’il n’y a pas ailleurs. « On encourage le projet et on regarde s’il fonctionne ou pas. En France, il y a trop de barrières », indique Jeanne Mas qui détaille ses propos : « Je voulais faire du cinéma, on m’a rétorqué que j’étais une chanteuse, pas une comédienne ! Je proposais de nouveaux albums et je n’ai eu que des refus. J’en ai eu marre, je suis donc partie aux États-Unis ». Toutefois, la chanteuse, qui semble couler des jours heureux de l’autre côté de l’Atlantique, vit une période difficile. « J’avais besoin de refaire de la musique et de revenir à l’essentiel. J’avais l’impression de sombrer dans l’agonie ; avec « Bleu citron », c’était un moyen de se sauver et de laisser mon imagination partir loin », explique Jeanne Mas. Elle a écrit les textes en quinze jours, dont trois en une seule nuit. Enregistrés chez elle, à Phoenix, les arrangements sont l’œuvre de deux musiciens ukrainiens : Polishchuk et Byelash. Grâce à Internet, l’album est bouclé en un mois. « Je travaille toujours dans l’urgence, s’il n’y en a pas, si c’est lent, je suis incapable de créer », souligne l’intéressée.
« Bleu citron », cela donne quoi ?
Dès le premier titre, « Petit pas », le ton est donné, le tempo également : guitare électrique, synthé new wave, on retrouve la Jeanne Mas que le public a pu connaitre à ses débuts. Attention, un peu moins rebelle dans les textes ou dans les accords, la sagesse de l’âge a opéré : on n’a plus vingt ans. À la fois mélancoliques, douces et rythmées, les mélodies se retiennent facilement. L’album « Bleu citron » compte douze pistes pour dix titres : « Ton retour », une chanson que son auteure qualifie plutôt de poème, a été découpée en trois actes et distillée dans l’opus. Quant à « Ma photo dans la gare », il présente un côté très visuel, une approche cinématographique dans l’harmonie. Elle ne nous a pas menti lorsqu’elle nous déclarait qu’il suffisait qu’« on ferme les yeux pour que l’imagination puisse opérer ». Un petit faible pour « Va bien » avec quelques notes façon blues et un clin d’œil à l’actualité. Alors tant pis pour les détracteurs qui critiquent le choix du nom de l’album « Bleu citron » qui ressemblerait à s’y méprendre à celui de Mylène Farmer, « Bleu noir ». La petite guéguerre entre les fans des deux artistes ne date pas d’hier, mais bel et bien du début des années quatre-vingt. Alors, nous n’allons pas tenter de trancher maintenant. Et puis cela ne donne-t-il pas l’illusion d’une couleur relaxante avec l’acidité d’un citron ? Et oui, du Jeanne Mas tout craché, mais ce n’est pas pour nous déplaire.
Article publié le 8 septembre 2011 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|DR – Jeanne Mas de passage à Metz pour la promotion de son dernier album « Bleu citron ».