L’acte d’écrire, une passion de toute une vie
Anne Marie Hall-Ricq a publié douze ouvrages qui touchent de près ou de loin le monde de l’écriture. Une passion qu’elle partage à travers ses livres et durant une quarantaine d’années par le biais de formations ou de stages qu’elle a animés. Pour plus de justice sociale, l’acte d’écrire devient accessible à tous et réduit un peu plus… la peur de la page blanche.
Qui n’a jamais eu envie d’écrire une lettre, un poème ou un récit, destiné à l’un de ses proches ou pour son bien-être personnel ? Qui ne se souvient, un jour, de ce désir littéralement bloqué face à la blancheur de la page? Ou de l’angoisse qui s’intensifie lorsqu’on bute sur le choix des mots indispensables pour éclaircir et exprimer sa pensée trop confuse ? On en vient à se gâcher le plaisir de noircir la feuille, puis on jette l’éponge et on reporte au lendemain… voire à jamais. Pourtant, l’écriture est un plaisir qui se partage et se communique. Anne-Marie Hall-Ricq, auteure d’une douzaine d’ouvrages qui traitent le sujet de loin ou de près, l’a très bien compris. Ses livres gravitent autour du monde de l’écriture avec pour les uns, des astuces, des conseils et des aides qui permettent aux lecteurs d’aborder avec douceur la matière. Pour les autres, des histoires où les personnages se côtoient dans l’univers de la littérature.
« J’ai besoin de partager les connaissances, et d’avancer avec celles et ceux qui lisent peu, c’est dans ma nature », explique Anne-Marie Hall-Ricq, qui précise : « Je trouve la page blanche fabuleuse. On peut dessiner, gribouiller ou écrire en allant se promener avec le même trait ! », et elle conclut : « Et puis, pour que les gens lisent, il faut que le livre soit bien écrit mais surtout, qu’il les élève, leur apporte du bonheur et non qu’il les rabaisse intellectuellement. » Durant plus de quarante ans, elle a animé des formations et des stages sur le thème de l’écriture pour les professionnels et les particuliers. Anne- Marie Hall-Ricq a fréquenté durant sa longue carrière des populations jeunes ou plus âgées issues de tous les milieux sociaux et plus particulièrement celui du monde ouvrier. Il faut dire que ses premières armes dans l’écriture, elle les aura faites pendant 17 ans avec la gestion d’un journal d’éducation populaire.
« J’ai l’impression que j’écris depuis que je suis née. Déjà toute petite, je commençais à rédiger des textes que je ne finissais jamais sur des cahiers d’écolier », souffle-t-elle en demandant une feuille de papier : « j’ai besoin de dessiner pour expliquer l’écriture. Je crois beaucoup à la vertu du dessin. » Issue d’une famille d’ouvriers, elle a le souvenir de ses parents papivores qui rédigeaient régulièrement des courriers, surtout sa mère précise-t-elle. Enfant, la lecture l’intéressait peu. Anne-Marie Hall-Ricq trouvait les sujets ennuyeux et rien ne la prédestinait à l’écriture jusqu’au jour où elle écoute une chanson de Jacques Brel qui l’émeut et la sensibilise au mariage des mots. Mais il faudra attendre 1991 pour que son premier ouvrage « Jeux de Mots » soit publié aux éditions Pierron après qu’elle ait fait un constat éloquent : « Je cherchais un ouvrage qui donnait l’envie d’écrire, et dans les librairies, on me sortait les livres scolaires. A cette époque je travaillais avec des gaillards de la sidérurgie, et ils m’auraient rigolé au nez si j’étais venue avec des manuels pour les gamins. Alors je m’y suis mise et j’ai rédigé ‘‘Jeux de Mots’’ ». Et depuis, onze ouvrages ont suivi.
Les premiers balbutiements d’un texte, qui pourrait devenir une nouvelle ou un roman, proviennent de questions qui turlupinent l’esprit d’Anne Marie Hall-Ricq, ou celui d’une personne qui les lui soumet. Encore aujourd’hui l’auteure est incapable de travailler sur un seul manuscrit à la fois : cinq ou six sont en chantier et l’attendent sur le bureau de son ordinateur, et ils seront achevés selon son humeur du moment. Aussi, l’acte d’écrire est-il la passion de toute une vie qu’elle exalte autour d’elle pour rendre accessible cette démarche personnelle et enrichissante. Mais elle tient à mettre en garde : « Il faut énormément de délicatesse et de sensibilité pour aborder l’écrit avec quelqu’un, sinon on peut tout casser dans son élan », signale-t-elle.
La hantise de la page blanche n’est pas la seule raison pour laquelle on constate un arrêt brutal de l’initiative intellectuelle. Le regard et le comportement des proches peuvent également être facteurs de traumatisme. « Un jour, dans le cadre d’un atelier dans un lycée », raconte Anne-Marie Hall-Ricq, « un adolescent m’a dit qu’il ne souhaitait plus écrire de textes avec des mots qui le toucheraient personnellement. Parce qu’il avait mal vécu le comportement d’un de ses profs qui avait lu sa rédaction devant la classe en déclarant ‘‘ tenez, on va bien rigoler…’’ et effectivement, les élèves avaient ri de leur camarade. Il avait treize ou quatorze ans. Comment un adolescent peut-il se remettre d’une chose pareille ? Heureusement, tous les enseignants ne comportent pas ainsi mais je trouve le procédé quelque peu… cruel ! »
Article publié le 5 juillet 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC|JML – Anne Marie Hall-Ricq : « Je trouve la page blanche fabuleuse. On peut dessiner, gribouiller ou écrire en allant se promener avec le même trait ! »