Les grues de Pompidou vues par Jean Legros et Philippe Cousin
Depuis le 2 mars dernier et jusqu’au 29 mai prochain, la galerie Shimoni à Montigny-lès-Metz propose une exposition où la peinture de Jean Legros et les photographies de Philippe Cousin se complémentent avec subtilité. Le sujet ? Les grues de Pompidou. La source d’inspiration du premier se situe à Paris en 1975. Pour le second, le lieu immortalisé est à Metz depuis 2006.
Rien ne prédestinait certaines œuvres du peintre Jean Legros, disparu en 1981, et quelques-unes du photographe Philippe Cousin à cohabiter un jour le temps d’une exposition. Et pourtant, depuis début mars et jusqu’au 29 mai 2010, le public peut contempler à la galerie Shimoni, à Montigny-lès-Metz, le travail rassemblé de deux artistes dont la source d’inspiration a été constituée par les grues du centre Pompidou. Pour le premier, c’est en 1975 à Paris lorsque Beaubourg sort de terre. Pour le second, elle date de 2006 à Metz lorsque son petit frère voit le jour. Il n’aura pas fallu longtemps à Hervé Shimoni, le patron des murs, pour réaliser le pari peut-être osé d’associer un illustre peintre avant-gardiste et un photographe lorrain.
Deux mondes : la peinture et la photo mais un unique sujet
Trente ans d’intervalle entre les deux chantiers, la complémentarité dans la production artistique des deux hommes concernant les grues constitue une évidence visuelle. « Quelque chose se révèle et se complète dans le travail de ces deux artistes », signale Hervé Shimoni, patron de la galerie d’art, qui précise : « Lorsqu’on voit les photos de Philippe Cousin, les obliques et les diagonales de ces ‘‘ grandes dames ’’ les grues, puis qu’on découvre la peinture de Jean Legros juste derrière, on comprend immédiatement l’œuvre du second ». Si les clichés immortalisent une période éphémère, le temps de la construction du Centre Pompidou Metz, ils se regardent comme une peinture. Quant au contenu des toiles peintes, il se caractérise plutôt par des formes géométriques dont chaque bande colorée revêt pour l’artiste une signification particulière. « Rien n’est dû au hasard et surtout pas dans l’art abstrait », souligne le galeriste.
Sauvegarder une mémoire sur une période définie
Si Jean Legros appartient à la catégorie des représentants majeurs de l’art concret en France, Philippe Cousin ne se réclame pas de l’univers des artistes. Aussi fournit-il dans son art une perception moins formatée grâce à un regard différent et naïf. Pour ce chef d’entreprise messin la photo demeure une passion, une échappatoire. Depuis cinq ans, il s’applique à réaliser des photos d’œuvres d’artistes qui lui permettent, dit-il, d’entretenir une relation privilégiée avec la matière. En ce qui concerne les grues du Centre Pompidou Metz et le personnel qui travaillait sur le chantier, son intérêt résidait dans le désir d’immortaliser avant tout cet environnement limité dans le temps, plus que le bâtiment en lui-même. « Je voulais sauvegarder une mémoire concernant une période définie », raconte le photographe. Aussi, sur chaque photo, figure « soit une grue, soit un élément mécanique ou alors un élément physique qui constitue la structure culturelle », signale-t-il encore. Son travail a pris fin l’année dernière lorsque la dernière structure métallique a été démontée.
Souvenir… souvenir !
Si toutefois les œuvres de Jean Legros ne vous parlent pas ou vous semblent incompréhensibles, visitez l’exposition car elle vous permettra de vous remémorer à travers les photos de Philippe Cousin, les quatre ans qu’aura duré le chantier du Centre Pompidou-Metz. Une période éphémère que les générations futures ne connaîtront pas… Mais nous si, et rien que pour cela, le déplacement vaut le coup.
Article publié le 26 mars 2010 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC – Le travail des deux artistes à trente ans d’intervalle sur le même sujet : les grues de Pompidou.