La Plume Culturelle

Les nanas « Border­line » vues par Anne Tappon

Première esca­pade  pour Anne Tappon au Théâtre de la Lucarne à Metz. La Plume Cultu­relle a rencon­tré l’hu­mo­riste qui nous tire le portrait des person­nages de son one-woman-show  quelque peu atypique, à la fron­tière de la crise de nerf. 

La Plume Cultu­relle : Pourquoi avez-vous choisi la folie dans votre one-woman-show ?

Anne Tappon : Ce n’était pas l’idée de départ, c’est venu au fur et à mesure quand j’ai commencé à écrire les sketches. Je me suis rendu compte que mes nanas avaient toutes un grain, alors j’ai conti­nué sur cette lancée. Quant au titre du spec­tacle, « Border­line » c’est mon metteur en scène qui en a eu l’idée car il résume assez bien les portraits de ces femmes au bord de la crise de nerf.

LPC : Donc vos person­nages souf­fri­raient de ce trouble qu’on appelle « border­line » ?

AT : Disons que si un psychiatre venait voir mon spec­tacle, il dirait que mes person­nages ne sont pas vrai­ment border­line. On va dire que mes person­nages se retrouvent dans des situa­tions pous­sées à leur paroxysme qui les propulsent à la limite de la folie, de la névrose et à un doigt de péter les plombs. Au point même qu’il faudrait les enfer­mer dans une maison de repos.

LPC : Combien de person­nages fémi­nins au bord de la crise de nerfs jouez-vous dans le spec­tacle?

AT : Il y en a sept, dont l’une est une choré­graphe contem­po­raine qui revient très souvent dans le spec­tacle. Le public ne le sait pas toujours de prime abord, mais se rend compte après coup que c’était encore elle, ce qui apporte un réel effet de surprise. Et puis ce person­nage est plus parlant pour moi puisque je viens du monde de la danse. J’ai rencon­tré quelques-unes de ces choré­graphes qui, mélan­gées et mixées, ont donné corps à celle-ci. Et puis avec une choré­graphe contem­po­raine tout est permis dans les mots, le corps, son excen­tri­cité. D’ailleurs dans le spec­tacle, elle a un orgasme créa­tif à un moment où les gens ne s’y attendent pas.

LPC : En exacer­bant leur faiblesse, vous ne profi­tez pas de leur fragi­lité mentale pour vous moquer d’elles ?

AT : Disons que je m’amuse de mes person­nages, et avec eux, plutôt que de m’en moquer. C’est toutes ces petites failles qui les rendent humaines et atta­chantes, fina­le­ment. Ces portraits de femmes offrent au public des situa­tions que personne ne connaît mais qui peuvent parler à tout le monde. Et puis il y a les situa­tions de la vie quoti­dienne où le spec­ta­teur va quand même se sentir concerné, et gros­sir ces événe­ments et en rajou­ter des caisses, c’est cela qui va pous­ser au rire. Je crois aussi que je me moque surtout de moi-même, dans une sorte d’au­to­dé­ri­sion !

LPC : De tous ces portraits que vous inter­pré­tez, duquel vous sentez-vous la plus proche ?

AT : Le portrait de la fille céli­ba­taire est celui qui s’ins­pire le plus de ma vie person­nelle, au moment de l’écri­ture de ce sketch en tous cas, puisqu’aujourd’­hui, je ne suis plus céli­ba­taire (rire). Ce qui est génial, c’est de pouvoir en rire, car ce n’était pas tous les jours facile. Et c’est parti comme ça, notam­ment en racon­tant mes déboires amou­reux à l’une de mes copines que cela faisait mourir de rire. Il faut dire que j’avais déjà pris ma distance par rapport aux faits, et que je les accen­tuais en écri­vant mes histoires. De toute façon, toutes les héroïnes de mon spec­tacle ont un petit quelque chose de moi.

LPC : Dans votre spec­tacle, vous mélan­gez la comé­die avec le chant et la danse. Pourquoi un tel cock­tail ?

AT : Je me suis dit, quitte à écrire un spec­tacle autant y inclure tout ce que j’aime faire. En l’oc­cur­rence, comme je ne voulais pas me canton­ner à des sketches parlés, j’y ai asso­cié la danse, d’où je viens, et le chant. Je me suis dit « fais-toi plai­sir et prouve au public ce dont tu es capable ». Et puis je pense que ce n’est pas encore courant de voir des artistes seuls sur scène qui asso­cient les trois disci­plines dans un one-man-show. C’est ma petite touche person­nelle, ma petite origi­na­lité qui surprend mais plaît au public.


Article publié le 28 novembre 2008 dans le bimé­dia lorrain La Plume Cultu­relle.

Photo : © LPC – Durant deux soirs, Anne Tappon va sévir sur les planches du Théâtre de la Lucarne avec ses nanas « Border­line ».


 

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