L’histoire des fêtes de notre calendrier racontée aux petits et aux grands
Pour débuter la nouvelle année, le Musée de l’Image d’Épinal propose une nouvelle exposition qui suit le fil du calendrier, et raconte aux visiteurs, l’histoire des fêtes calendaires que nous commémorons encore aujourd’hui. Jusqu’au 29 avril 2009, le public pourra se remémorer à travers un parcours tracé spécialement pour l’occasion, les origines des célébrations civiles, militaires, religieuses ou païennes en France.
Si nous ne connaissons pas toujours l’origine des fêtes que nous célébrons, nous les revendiquons pour leur côté joyeux (Noël, Nouvel an ou Pâques) ou pour le respect et la reconnaissance que la nation montre à ses enfants qui ont combattu pour elle (Armistice, Fête nationale). Il faut bien admettre cependant que les dates les plus reconnues demeurent celles qui sont fériées et chômées. Selon le Code du Travail français, la France en connaît onze par an, et deux de plus pour la Moselle et l’Alsace. Pourtant, d’autres célébrations moins connues ou plus locales (la Saint-Nicolas ou les Champs Galot en Lorraine) puisent leurs origines dans des coutumes ou des traditions qui remontent à plusieurs millénaires. Fêtes païennes à l’origine, elles ont été reconverties en fêtes religieuses lors de l’installation du christianisme en France.
Pour renouer avec l’histoire du passé, le Musée de l’Image d’Épinal propose au public sur deux salles une exposition qui récapitule ces fêtes mal ou confusément connues à travers sa collection d’images anciennes, de cartes postales, de vidéos ou d’objets divers. Anne Cablé, Attachée de Conservation au musée, et qui a participé à l’élaboration de l’événement, observe : « Nous avons été frappés de constater que les gens présentent des lacunes importantes dans la signification et l’origine de nos fêtes et notamment avec l’Ascension et l’Assomption qui sont continuellement confondues ». Dans la culture et la vie publique française, le catholicisme a été religion d’Etat omniprésente – la France était « la fille aînée de l’Eglise » – jusqu’à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. Par conséquent, un certain nombre de fêtes revêtent une connotation religieuse même si la plupart d’entre elles sont issues des civilisations païennes.
Comme Noël, à l’origine fête du solstice d’hiver (la nuit du 24 au 25 décembre) et que le Pape Libère décréta arbitrairement en 354 nuit de la naissance de Jésus de Nazareth ; ou encore la Chandeleur qui, si elle commémore aujourd’hui la présentation de Jésus au Temple 40 jours après sa naissance et la cérémonie de purification de Marie, était auparavant une fête agraire, romaine et celte, « des chandelles », dont les rites devaient purifier la terre au sortir de l’hiver et favoriser la fertilité des sols et la fécondité des troupeaux. « Nous avons voulu éclairer la lanterne du public », signale Anne Cablé en précisant que désormais, « dans notre société laïque, nous avons perdu les repères de vie qui autrefois jalonnaient l’existence de chacun dans une France très religieuse. Du coup nous avons aussi perdu le sens de ces fêtes. »
Les commémorations concernant la fin de la première et de la seconde guerre mondiale en prennent également pour leur grade. L’Attachée de Conservation au musée est catégorique dans ses propos : « Pour les jeunes, le 11 novembre 1918 ne veut plus dire grand-chose. C’est une guerre qui est très lointaine même si on nous a rebattu les oreilles en novembre dernier parce qu’il n’y avait plus de poilus. L’armistice de 1945 est en train de prendre le même chemin. » Cette attitude démontre bien le désintérêt que la majorité des gens affichent concernant le passé. D’ailleurs, un sondage paru le 6 novembre 2008 dans le magazine Notre Temps révélait que seuls 46% des Français interrogés savaient ce que signifiait et représentait le 11 novembre.
A Épinal les visiteurs pourront découvrir quelques coiffes et des explications concernant la fête de la Sainte-Catherine, contempler des cadeaux d’enfants pour la Fête des Mères notamment quelques mains ou pieds moulés dans du plâtre, ou les légendaires boîtes de fromage transformées en cœur, mais ne comptez pas trouver un quelconque collier de nouilles, un objet fabriqué avec amour dans les maternelles, que nous avons tous en mémoire et qui a longtemps marqué les jeunes mamans. Un parcours sous forme de voyage ludique est proposé au jeune public, avec des jeux ou des déguisements. « Nous avions expérimenté l’initiative du parcours pour les enfants dès l’année dernière, durant l’exposition « Les petits bonheurs », rappelle Anne Cablé. « Cela avait plu autant aux enfants qu’aux adultes. Notre public est assez familial », reconnaît l’intéressée, et d’avertir : « Il est important que tout le monde y trouve son compte ».
De quoi regarder les fêtes de notre calendrier sous un angle nouveau.
Article publié le 6 janvier 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC – Le carnaval du mardi gras, image pédagogique éditée par Rossignol, Montmorillon, vers 1955 Coll. Musée de l’Image, Épinal.