Mater Dolores : une sonorité acidulée à goûter sans retenue !
La Plume Culturelle propose depuis janvier une rubrique destinée aux artistes méconnus d’une grande partie du public ou trop peu médiatisés. Avec passion, ils participent à l’enrichissement culturel de la Lorraine et nous les mettons à l’honneur. Bénéficiez de l’interactivité d’Internet pour découvrir un aperçu de leurs œuvres sous forme de son ou de vidéo. Mater Dolores est un groupe qui sévit sur Nancy avec un humour quelque peu décalé et une sonorité rock à l’état pur. Trois membres constituent la formation : Dieter (guitare/chant), Chicken (basse) et Fafa (Batterie).
La Plume Culturelle : Comment s’est faite la rencontre entre les membres de Mater Dolores ?
Chicken : J’ai connu Dieter en 1992 lorsque j’étais en camp de vacances en Corse. Trois ans après je prenais quelques cours de guitare avec lui, bien arrosés ! Avec mon frère, on suivait son groupe de l’époque, Brown Sugar, qui tournait pas mal sur la région et on donnait un coup de main pour le matériel lors des concerts. Puis, petit à petit… ça donne envie !
Dieter : Cela faisait 15 ans que je jouais en groupe. Après diverses expériences et formations (Brown Sugar, Alice) j’ai décidé de continuer à jouer mais avec des potes et pas seulement avec des musiciens. C’était un véritable pari. C’est ainsi que naquit en 1996 Mater Dolores. Pendant 5 ans, il y a eu un autre guitariste avec nous (Didich) mais après son départ, et plusieurs essais infructueux avec d’autres artistes, nous avons décidé de continuer à trois car ça roulait très bien comme ça. Nous avons donc douze ans d’existence.
LPC : Mater Dolores, qu’est-ce que cela veut dire ? Et pourquoi avoir appelé votre groupe ainsi ?
Dieter : Je travaillais comme infirmier en soins palliatifs. Les derniers mots d’une dame d’origine espagnole évoquaient sa mère et la douleur.
Fafa : Les diverses significations ou consonances que l’on peut prêter à Mater (ma terre, la mère, l’amer) associées à la douleur nous ont bien plu. Ça évoque à la fois la vie, la mort, la souffrance… C’est un peu tout ce que nous mettons dans notre musique.
LPC : Quels sont vos critères pour choisir les thèmes de vos titres ?
Dieter : Il n’y a pas vraiment de critère, nous parlons de ce que l’on vit ou de sujets qui nous intéressent sur le moment (la politique, les femmes, l’amitié, notre vie quotidienne…).
LPC : Comment cela se passe-t-il, dans l’écriture et la composition de vos chansons ?
Chicken : Généralement c’est Dieter qui ramène un riff. On l’envoie balader sans ménagement si cela ne nous convient pas, ou au contraire, on est parti pour de la composition. La construction se fait à trois, chacun y met sa touche, tout le monde s’exprime et c’est au pire à la majorité, aux deux tiers, que les décisions se prennent. Le fait de ne pas être de véritables musiciens nous permet une liberté et une spontanéité certaines dans la composition. Cela dit, les connaissances de Dieter apportent un plus et nous guident dans certains choix.
Fafa : Passer de quatre membres à trois a simplifié énormément les choses. 2 guitaristes dans un groupe, c’est vraiment pénible ! Déjà un… (rire).
Dieter : On joue ce que l’on a envie de jouer sans se fermer de portes mais naturellement on penche du côté rock.
LPC : Votre dernier EP « Impasse de l’amer » est sorti il y a quelques jours, pouvez-vous nous le présenter ?
Fafa : Il a été enregistré en juin de cette année, un peu beaucoup dans la douleur mais bon… c’est comme ça. Nous avons collaboré avec Steph Sonotone qui a été aux commandes et nous a vraiment soutenus. Notre association avec lui a commencé l’année dernière, et dans l’évolution du groupe, le connaître a été déterminant. On a progressé dans la manière de travailler, d’arranger les morceaux et de préparer un enregistrement. De plus, il sait aussi bien mettre en avant nos points forts comme nous bousculer s’il le faut, c’est primordial.
Chicken : L’album se compose de 7 titres reflétant bien ce que nous sommes devenus après douze ans d’existence. Les morceaux sont de styles différents (de la chanson pop au punk rock) mais avec un esprit et un fond commun, le rock. Ils ont tous été composés entre l’été 2007 et le printemps dernier, hormis Sacrifice qui est un de nos plus vieux morceaux et qui a été retravaillé pour l’occasion. Quant à Sometimes on n’a pas dû le jouer plus d’une dizaine de fois avant de l’enregistrer !
Dieter : C’est l’aboutissement de plusieurs années de répétitions et de plaisirs en commun malgré les galères, qui ne manquent pas dans ce genre d’aventure. Le faire avec Steph a représenté pour nous une chance énorme et nous sommes très satisfaits du résultat (même Chicken c’est pour dire !).
LPC : Quels ont été les conditions et les moyens pour enregistrer votre album ?
Chicken : Déjà, nous avons enregistré dans un local digne de ce nom, à savoir, pas une vieille cave humide et froide où le crépi tombe dès que le batteur s’excite un peu ! Et personnellement, j’ai eu la chance de jouer sur une vraie basse (merci Steph).
Fafa : Il était interdit de fumer à l’intérieur du local, c’est dire la classe…
Dieter : C’est vrai que les conditions étaient bonnes et cela a son importance dans le résultat. Pour les moyens, ce sont ceux du bord ; notre matériel, celui de Steph, plus quelques prêts (merci spécial à Gian Lucas du groupe Shaïd). Pour le financer, il y a eu les concerts, la vente de CD et un peu de nos deniers personnels.
LPC : Votre précédent EP « Dernière pression à froid » a eu moins d’écho que « Impasse de l’amer » et vous le mentionnez très peu. Pourquoi ?
Chicken : Celui-ci avait été enregistré en mars 2007 dans des conditions difficiles : il faisait froid, matériellement on était limite, pas vraiment prêts non plus (mais ça on ne s’en est rendu compte qu’après !) et c’était notre véritable première fois. Heureusement, malgré les difficultés et surtout notre inexpérience, Steph Sonotone a su tirer de nous ce que nous étions alors capables de donner. On a beaucoup appris à ce moment-là.
Dieter : Avec du recul, on s’aperçoit qu’il y a de très bonnes choses dedans mais on y décèle aussi quelques erreurs de jeunesse. Si on n’en a pas beaucoup parlé c’est qu’on a mis du temps à le sortir et qu’un autre projet a vite vu le jour, dans lequel nous avons travaillé différemment.
LPC : Vous n’utilisez pas Internet pour vous faire connaître et susciter l’intérêt du public. Est-ce un choix ?
Fafa : C’est notre côté vieux jeu ça (rire) !
Dieter : Non, ce n’est pas un choix. Le souci c’est qu’il n’y en a qu’un dans le groupe qui a un PC connecté à Internet, l’autre n’en a pas, et le dernier (moi) le fait planter régulièrement !
Chicken : Oui, et puis c’est aussi un problème de temps et de priorité, car on consacre le trop peu de temps qu’on a ensemble à répéter ou boire un coup entre potes. Cela dit, d’ici quelques semaines nous devrions être opérationnels et présents sur la toile, on va s’y mettre.
LPC : Si vous aviez un mot ou une phrase pour définir votre groupe et votre musique, que serait-il ?
Dieter : « Seuls l’amour et la musique sont éternels », c’est de John Lennon.
Chicken : En ces temps de prohibition, je dirais « liberté » : celle de faire péter les watts dans une cave enfumée !
Fafa : Plaisir, d’en prendre et d’essayer d’en donner (comme l’amour en fait !).
LPC : Enfin quels sont vos projets pour la fin d’année 2008 ?
Chicken : De sortir un véritable album après ces deux 7 titres. On y retrouvera quelques titres, mais dans d’autres versions, de « Dernière pression à froid », les titres de « Impasse de l’amer » plus trois ou quatre nouveaux morceaux. Le tout bien sûr, sous la direction et les conseils avisés de « Monsieur » Sonotone.
Fafa : Préparer quelques petites tournées en France ainsi que quelques dates sur la région et notamment (avis aux programmateurs) si possible participer à quelques festivals du grand Est.
Article publié le 6 octobre 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC|Mater Dolores – Les trois compères de Mater Dolores : Fafa, Chicken et Dieter.