Le mélange des genres pour les éditions « Au fond du grenier »
« Bunker », revue avant-gardiste et atypique, constitue l’une des principales activités d’ « Au fond du grenier », jeune association d’éditions qui a vu le jour en 2006. Fondée par cinq nancéens âgés entre 25 et 26 ans, ils tentent de diffuser à la fois des auteurs oubliés et des nouvelles plumes encore méconnus du grand public Présent pour le prochain salon du livre de Nancy, du 18 au 21 septembre 2008, ils présenterons leurs ouvrages illustrés.
Un brin provocateur par la thermologie du nom et quelque peu accrocheur, dû à sa sonorité, ou par son contenu, sobre mais recherché au niveau de ses illustrations en noir et blanc ou colorisées, la revue nancéenne Bunker désarçonne le lecteur. Le collectif qui gère cet ouvrage propose des textes atypiques agrémentés de dessins qui étonne et ne laisse personne indifférent. Tirée à 250 exemplaires et publiée une fois par an, Bunker est l’aboutissement d’un projet ambitieux entrepris par cinq meurthe-et-mosellans passionnés par les mots et les images. « Au départ nous étions un groupe d’amis, qui au fur et à mesure des rencontres et des discussions, nous nous sommes aperçus que nous avions des affinités communes dans l’écriture, l’illustration et le dessin », raconte Dorothée Paré, membre du Comité d’Administration de l’association. « A partir de ce moment là, le projet de la revue est né », conclue-t-elle.
« L’idée de départ de la revue était de ressortir de l’oublie des auteurs qu’on ne retrouvait pratiquement plus dans les librairies comme Roger Gilbert-Lecomte. Mais c’est aussi de créer un laboratoire d’expérimentations où l’on teste auprès des lecteurs les écrits de nouveaux auteurs et les œuvres des artistes », explique Didier François, Secrétaire Général de l’association qui édite la revue. Aussi, pour ce côté novateur, l’ouvrage a été en partie subventionné par le centre régional du livre de Lorraine. Jérôme Kostrzewa, Didier François, Dorothée Paré, Sébastien Fuentes et Cédric Savona ne sont pas à leur premier coup d’essai puisqu’ils proposent depuis avril dernier, le troisième volet de la revue Bunker. Petite fantaisie dans la numérotation : on ne feuillette pas le numéro trois de Bunker mais on parcoure le « livre moins II »… un décompte vers la négative qui semble ne plus vouloir s’arrêter dans le temps.
En remportant un lauréat au défi-jeune de 2007, organisé par le ministère de la jeunesse et des sports, les cinq bénévoles ont développé, grâce au budget alloué par le prix, le secteur édition en complément de celui de la publication. « Au départ, nous étions partis sur la gestion et la diffusion d’une revue, cela devait être notre activité principale. La création d’une maison d’édition… nous n’y pensions même pas », souligne Jérôme Kostrzewa, président de l’association Au fond du grenier. Et de poursuivre : « En éditant Bunker, nous avons compris petit à petit le fonctionnement de la chaîne du livre. De l’écriture à la mise en page jusqu’à la distribution de l’ouvrage. Ça été un réel apprentissage pour nous. Et puis durant notre aventure, nous avons rencontré des artistes, des photographes, des auteurs avec lesquels nous avons travaillé et ils nous ont appris beaucoup de choses. »
« Notre volonté est de professionnaliser la structure si les résultats escomptés sont aux rendez-vous. Avec Bunker, nous ne gagnons pas d’argent, nous en perdrions s’il n’était pas subventionné. Quant aux ouvrages de la collection que nous venons de créer, ceux sont eux qui vont nous faire connaître auprès du public », insiste Jérôme Kostrzewa. « Nous nous investissons totalement à ce projet en espérant que nous pourrons vivre de notre passion tout en débutant dans le métier de l’édition sans prendre trop de risque grâce à notre association », fait-il remarquer. Au prochain salon littéraire « le livre sur la place » à Nancy, la jeune structure nancéenne devrait présenter leur première publication : Les lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet, illustré par Fursy Teyssier et naturellement les trois numéros de Bunker.
D’ores et déjà un réseau de 50 libraires soutienne Au fond du grenier et ses dirigeants souhaitent augmenter leurs points de vente au nombre de 200 dès l’année prochaine. Une belle initiative culturelle dans un marché du livre étroit estimé avec un potentiel de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un secteur qui emploie environs 10 000 salariés en France où subsistent tant bien que mal à peu près 6000 à 7000 éditeurs.
Article publié le 5 septembre 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.