Nuit blanche 2008 : De Metz à Paris, l’Art contemporain toujours plus proche du public
À l’occasion de la première édition de la Nuit Blanche à Metz, la Plume Culturelle a souhaité connaître les motivations du maire de Metz, Dominique Gros, concernant la mise en place d’un tel évènement artistique, et celles de Bertrand Delanoë, maire de Paris, qui en a été l’initiateur en 2002.
La Plume Culturelle : Pourquoi avoir créé, à l’instar de Paris, la « Nuit Blanche » à Metz ?
Dominique Gros : Aucune « Nuit Blanche » ne ressemble à une autre, donc Metz ne copie pas Paris. Sinon il faudrait en dire autant pour Chicago, Madrid, Amiens, Bruxelles … Chaque ville a sa physionomie propre, ses quartiers, ses façades, ses bâtiments. La « Nuit Blanche » c’est donc ce moment festif, généreux, où la ville s’offre autrement à ses habitants et à ceux qui viendront déambuler dans ses rues pour y découvrir un très grand nombre d’évènements. Metz reprend de Paris une idée qui a séduit de nombreuses villes, et pourquoi Metz n’aurait-elle pas aussi, sa « Nuit Blanche » ?
LPC : Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés pour la manifestation ?
DG : Plusieurs objectifs : donner aux artistes, aux acteurs de la scène messine (plasticiens, chorégraphes, musiciens…), aux associations, la possibilité de construire et de participer à un événement majeur qui fédère les énergies. Donner aux Messins et à tous ceux qui viendront le 3 octobre, le goût, le plaisir d’un art contemporain « ouvert », offert à tous. Enfin, faire connaître Metz autrement : passer de l’image d’une belle ville à celle d’une ville culturellement intense, dynamique, vivante. Il suffit de voir tout l’intérêt que nous porte déjà la presse, non seulement locale mais nationale, concernant cet événement.
LPC : Vous avez dit dans la presse que vous tendiez un lien entre le centre Pompidou-Metz et la « Nuit Blanche ». Que vouliez-vous dire ?
DG : Ce qui est important dans le nom Pompidou-Metz, c’est le trait d’union, la rencontre entre une institution prestigieuse et exigeante et une ville qui est pleine de potentialités et qui ne demande qu’à les exprimer. La rencontre entre le Centre Pompidou et Metz, c’est la rencontre de l’art au présent et d’une ville au passé millénaire, riche de son histoire et de ses monuments.
LPC : Après la « Nuit Blanche », avez-vous l’intention de continuer à lancer des challenges aussi ambitieux dans le domaine culturel pour Metz ?
DG : La première « Nuit Blanche » de Metz est inaugurale. Elle est un appel, une ouverture. Elle annonce certainement d’autres évènements prestigieux comme des biennales de l’Art contemporain. Mais il y a encore beaucoup à inventer, à créer, des manifestations publiques festives et intelligentes. La venue du Centre Pompidou-Metz nous oblige à l’excellence, mais une excellence pour tous. La « Nuit Blanche » est par définition, et c’est pour cela qu’elle sera reconduite, l’exemple d’une manifestation généreuse où personne ne devrait se sentir étranger à l’art.
LPC : Un hebdomadaire national a dit que nous avions une droite qui méprisait la culture. Pensez-vous qu’il est nécessaire de renouer les fils à Metz ?
DG : Personne ne méprise la culture, ce serait même méprisant de le penser, simplement je veux donner à cette ville une nouvelle impulsion. Faire en sorte que Metz devienne une des villes qui comptent dans le domaine de l’art. On parle de la Biennale de Danse de Lyon, des rencontres photographiques à Arles, de la Folle Journée à Nantes… Là encore, à nous d’inventer, en rapport étroit avec le Centre Pompidou-Metz, ce nouveau lien à la culture.
La Plume Culturelle : Comment avez-vous eu l’idée de créer un concept tel que la « Nuit Blanche » ?
Bertrand Delanoë : Nous voulions que l’art soit moins dissocié de la vie, qu’il sorte, une fois par an, des institutions qui l’abritent, pour devenir l’occasion d’une rencontre. Avec Christophe Girard, mon adjoint chargé de la culture, nous avons souhaité rendre un certain sens à l’idée de culture populaire.
LPC : Après de nombreuses capitales dans le monde et un nombre plus important de villes en France qui reprennent votre concept, quel sentiment cela vous procure-t-il?
BD : Je suis heureux que Paris inspire le monde, comme le monde inspire Paris. Nous sommes entrés dans un âge nouveau de la civilisation urbaine : les grandes villes se stimulent, elles se répondent, et entre elles se crée une dynamique commune, fondée sur la connaissance et la création. Comme président de cette « Onu des villes » qu’est l’organisation CGLU (cités et gouvernements locaux unis), je suis particulièrement investi dans le développement de cette dynamique.
LPC : A votre avis, l’art contemporain connaît-il un déficit d’affection de la part des Français, pour qu’il faille lui redonner une vitrine telle que La Nuit Blanche ?
BD : Des centaines de milliers de personnes, de toutes générations, viennent goûter l’art contemporain à l’occasion de Nuit Blanche. Ce n’est pas le signe d’un déficit d’affection.
LPC : Il y avait le Printemps des musées, la Fête de la musique, la Journée du patrimoine, et plein d’autre, initiées par Jack Lang. Qu’apporte en plus la Nuit Blanche ?
BD : La Fête de la musique était déjà une forme de rencontre entre la culture et la rue, la ville, la vie. La Journée du patrimoine, quant à elle, c’est la beauté, qui laisse chacun pénétrer dans son domaine, en toute liberté. Mais avec Nuit Blanche, nous avons voulu lancer un concept différent : l’art qui sort de ses murs. C’était un défi, et chaque année, au début de l’automne, nous avons à le relever.
Article publié le 30 septembre 2008 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : © LPC|Henri Garat (Montage de la rédaction).