Nuit Blanche 2009 : comment Vincent Delmas sème le doute dans un lieu de culte
Une installation sonore originale sur le thème du doute sera diffusée dans l’église Sainte-Ségolène le 2 octobre prochain, de 19h00 à 01h00 du matin, dans le cadre de la Nuit Blanche messine. L’artiste Vincent Delmas a monté une bande son de 25 minutes dans laquelle le public entendra des inconnus s’interroger sur la présence d’un interlocuteur au bout du fil après le légendaire « allô ».
La performance pourrait s’apparenter à une blague de mauvais goût que des gamins réaliseraient pour passer le temps. Un coup de fil à un inconnu et les chenapans attendraient une réaction de l’interlocuteur sans dire un mot. Penser cela du travail de Vincent Delmas serait quelque peu réducteur et naïf à la fois. Le jeune artiste de trente-quatre ans, originaire de Clermont-Ferrand et qui vit en Lorraine depuis peu, a un concept de l’art bien défini. « La notion de recherche dans l’art est importante pour moi », explique-t-il avec un grand sourire. « Elle s’établit de fait avec le temps et le quotidien. Un projet conceptuel, c’est bien plus les idées que la forme ».
Et les idées il en a à foison. D’emblée, il avertit : « En avoir plein, ce n’est pas difficile mais en avoir des bonnes, là c’est plus ardu. J’aime faire avancer l’art avec des idées simples et regarder ce que font mes contemporains. » Aussi, pour la Nuit Blanche à Metz, le 2 octobre prochain, Vincent Delmas se pose-t-il une question à travers sa performance sonore « J’ai un doute… (Allô ?!) ». Est-ce que le doute a la place qu’il mérite au sein des lieux de culte ? L’artiste estime que non. En tout cas pas à la mesure de ce qui devrait leur revenir. Alors, il souhaite le matérialiser et le rendre patent afin de permettre au public une réflexion sur le sujet. Selon lui, la Foi et le doute semblent des thème récurrents de la philosophie. « J’aborde le sujet d’une façon nouvelle. Je crois que les deux termes sont loin d’être incompatibles » renchérit-il.
Une bande sonore de vingt-cinq minutes tournée en boucle résonnera au sein de l’église Sainte-Ségolène de 19h00 à 01h00 du matin. Les visiteurs pourront entendre des inconnus réagir lorsqu’ils décrochent le combiné et que personne ne répond. Les séquences peuvent durer entre 2 et 30 secondes chacune. « Le premier allô que nous prononçons est un réflexe » rappelle Vincent Delmas. « Si personne ne répond, le second allô est chargé de doute sur la présence de l’autre au bout du fil et c’est là que cela devient intéressant… surtout dans une église », insiste-t-il. Habileté intellectuelle d’associer le lieu, la Foi, le doute et l’interlocuteur. Il lui aura fallu passer des milliers d’appels durant l’été. Seuls cent cinquante d’entre eux ont été gardés.
Alors si vous souhaitez philosopher avec lui sur la question « Le doute est-il la part rationnelle de la pensée sur laquelle repose la foi ? Ou alors, l’échec de la pensée rationnelle poussée à son paroxysme est-il à l’origine de la foi ? », il sera présent et peut-être qu’ il vous répondra… J’ai un doute… Allô ?!
Article publié le 29 septembre 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC – Vincent Delmas innove avec une installation sonore sur le thème du doute dans un lieu de culte.