Nuit Blanche 2009 : projection nocturne à la Nuit Blanche messine
Entre le film de Jean Garnier, « Metz pour nous deux », et celui des frères Lumière, « L’Arrivée en gare de la Ciotat », le 7ème art s’invite à la deuxième édition de la Nuit Blanche de Metz. Les organisateurs ont choisi d’unir le cinéma et l’art contemporain pour une nocturne le 2 octobre prochain.
Si l’initiative des organisateurs peut paraître quelque peu décalée, compte tenu de la thématique de l’évènement culturel du 2 octobre prochain, elle permettra toutefois aux membres des différentes générations messines de découvrir la capitale mosellane sous un angle nouveau. Et pour les plus anciens, de faire émerger de leur mémoire des souvenir d’une époque révolue. Le documentaire de 15 minutes, « Metz pour nous deux », de Jean Garnier demeure un des rares films amateurs qui dépeint de la sorte un pan de l’histoire de la ville de Metz des années cinquante. Un témoignage visuel dans lequel apparaissentt notamment les anciens quartiers du Pontiffroy, aujourd’hui disparus. Mais également une observation passive du quotidien et des habitudes des citadins. « Projeter un film d’un auteur disparu à côté d’œuvres d’artistes contemporains, c’est assez osé », déclare Francis Guermann, membre de l’association Ciné Art qui a proposé le programme avec l’accord de la famille du cinéaste. « Grâce à la Nuit Blanche, on bénéficie d’un public varié. Alors pourquoi ne pas faire cohabiter deux arts différents ? », s’interroge-t-il.
Jean Garnier, un connaisseur et passionné
Si pour le grand-public, le nom de Jean Garnier ne semble pas familier, ce Messin fervent du 7ème art a pourtant produit, sa vie entière, une centaine de films. Féru de technique et des avancées dans le domaine cinématographique, il monta avec passion un certain nombre de documentaires, des fictions, des reportages ou des essais poétiques. « Plus jeune, Il a dû se résoudre à choisir entre commencer des études de médecine ou se destiner à travailler le cinéma », signale encore Francis Guermann, qui raconte que l’intéressé, fils de notaire et issu de la bourgeoisie locale, a joué son avenir à pile ou face : « Le destin a voulu qu’il devienne pneumologue, au grand soulagement de sa famille », raconte-t-il. Pourtant, le film qui sera présenté à la Nuit Blanche a bien failli rester dans les cartons du cercle familial qui seul en connaissait l’existence. C’est grâce aux membres de l’association Ciné Art que le projet de monter un court-métrage sur l’histoire des ciné clubs messins entre 1945 et 1968 a permis de modifier la destinée de cette œuvre.
Francis Guermann et Bernard Muscat, qui ont eu la charge de rechercher des archives pour le documentaire, découvrent en dépôt, en 2007, au Conservatoire régional de l’image à Nancy, une cassette réalisée par Roger Viry-Babel pour France 3 et datant de la fin des années 90. A l’intérieur, quelques extraits de « Metz pour nous deux ». Une chance et une aubaine pour les deux compères. Après avoir contacté et rencontré l’épouse du cinéaste (décédé en 2004), ils reçoivent l’autorisation de projeter le film au Caméo-Ariel à Metz en juin 2008. Le succès est immédiat et l’émotion sera palpable chez les spectateurs présents. Mais en raison de la fragilité de la pellicule, âgée de cinquante-quatre ans, il n’y aura pas d’autres représentations. Aussi, une copie sera numérisée de façon artisanale par l’association (pour des raisons de coût et de matériel) en attendant que la médiathèque de Metz restaure l’intégralité de la bande originale. Si l’envie vous prend, profitez de la Nuit Blanche pour découvrir le film de Jean Garnier, – textes de Georges Coanet et musique de François Serrette -, qui sera visible à partir de 18h00 et jusqu’à 2h00 du matin dans l’une des salles de classe du Lycée Louis Vincent.
Les Frères Lumière s’approprient de l’ancienne gare de Metz
Avec « L’Arrivée en gare de la Ciotat » des Frères Lumière, nous nous dirigeons vers un autre registre, celui des premiers balbutiements du cinéma. Les visiteurs qui se baladeront près de l’ancien bâtiment (en face de la place du Roi Georges) qui fit office de gare jusqu’en 1908, se verront projetés en 1896, année où le film a été présenté au public. Lequel fut, semble-t-il, terrifié et paniqué de voir l’approche aussi réelle de la locomotive en premier plan. Ingénieuse idée de proposer deux rendez-vous cinéphiles pour les nostalgiques du Metz des années cinquante et les amateurs de films muets en noir et blanc. Les organisateurs de la Nuit Blanche ont mis le 7ème art à l’honneur au même titre que l’art contemporain et sa pluridisciplinarité. Bravo pour l’initiative.
Article publié le 30 septembre 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|Jean Garnier – Image extraite du film « Metz pour nous deux » de Jean Garnier. Rue du Pontiffroy en 1955.