Nuit Blanche 2009 : Sir Alice et Dorothée Smith s’interrogent sur la notion de l’identité
Au Cloître et à la chapelle de la maternité Sainte-Croix (Metz) à partir de 20h00 et jusqu’à minuit le 2 octobre prochain, venez découvrir la performance de Sir Alice ainsi que l’exposition photos et la projection vidéo de Dorothée Smith. Pour la première, elle se confond et se dissout dans le multiple et pour la seconde, l’artiste s’interroge sur la notion du genre « masculin / féminin » des uns et des autres.
La Nuit blanche a pour vocation de présenter le travail des artistes émergents ou confirmés et de troubler, provoquer ou séduire le public durant quelques heures. Avec Sir Alice et Dorothée Smith, l’objectif est atteint. Sans agression visuelle ou intellectuelle, les deux jeunes femmes proposeront aux visiteurs qui s’aventureront dans le cloître et à la chapelle de la maternité Sainte-Croix, une réflexion et des interrogations sur l’identité. Dans une mise en scène et un espace quelque peu originaux, le travail de ces deux artistes parisiennes, qui se connaissent et ont collaboré occasionnellement ensemble, offrira des œuvres en écho et en complémentarité.
Sir Alice au pays des poupées…
Présentée une première fois à la Nuit blanche de Paris en 2006, Sir Alice a actualisé sa performance intitulée « Marcelle » pour Metz. Artiste multi-facettes, elle donne de sa personne et de son énergie aussi bien durant ses prestations en concert que pendant ses performances. Il n’y aura qu’à la voir, elle, Sir Alice, remontant avec un décalage progressif, d’une façon effrénée et sans relâche, 110 poupées en porcelaine mécanisées qui interprètent une mélodie identique et cristalline. Affublée elle-même de la même robe que ses poupées uniformes et impassibles , elle va peu à peu se confondre avec ces jouets sans âme. Au cours des quatre heures, l’enfant géante étrange et muette, perdue parmi les automates, va progressivement dissoudre son identité dans le multiple.
Dorothée Smith, le regard éclairé sur l’androgyne…
Étudiante à l’Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles, Dorothée Smith va présenter durant la Nuit Blanche une exposition et une projection de vidéos concernant le genre et l’identité sexuelle. « Il m’a semblé intéressant de proposer ce travail tournant autour de la remise en question de la binarité et des notions du masculin et du féminin », explique la jeune artiste âgée de 23 ans. « Je trouve qu’on asphyxie les possibles de l’identité en les astreignant à un choix radical et absurde. Alors mon travail consiste de déconstruire une certaine idée des représentations sexuelles classiques », signale-t-elle encore. Elle étudie en continu le sujet et immortalise à travers des portraits sur tirage à grand format, des êtres androgynes. En arrière-plan, l’environnement semble voilé, laiteux, la mélancolie y est poussé à son paroxysme quand ce ne sont pas des paysages désertiques et inhospitaliers qui font office de décor.
Dorothée Smith se considère comme une artiste multimédia qui utilise également les slideshows et la vidéo. « Pour moi, la photographie est un outil presque quotidien, que j’ai toujours, ou presque, utilisé comme un moyen d’appréhender les autres, et d’interroger les notions qui me tiennent à cœur », précise-t-elle. Sans recourir à la provocation, l’exposition ne détermine pas de façon précise l’identité sexuelle des sujets immortalisés mais suscitera l’interrogation. Au public de se faire une idée.
Article publié le 24 septembre 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|Dorothée Smith – Quelques portraits de Dorothée Smith sur la question de la notion du genre masculin et féminin.