Rupture ou continuité dans la politique culturelle à Metz ?
Le 12 mai dernier à Metz, un rendez-vous citoyen avait été organisé par l’association « Quartier Saint-Louis » au café Le Rubis. Le thème de la rencontre : la culture. Des représentants de l’opposition et de la majorité ainsi que des acteurs de la vie culturelle ont répondu présents à la rencontre.
Le public venu au rendez-vous citoyen organisé par l’association « Quartier Saint-Louis » n’a pas été très convaincu lors du débat par la prestation des acteurs politiques et culturels messins, présents au café Le Rubis. Resté sur sa faim, l’auditoire s’attendait sûrement à un peu plus de pugnacité de la part de Patrick Thil (Président du groupe « Un destin pour Metz »), Antoine Fonte (adjoint à la culture), Laurent Le Bon (Directeur de l’association de préfiguration du Centre Pompidou Metz, Nicolas Tochet (Président du collectif du « Bœuf Nocturne ») et Hacène Lekadir (délégué à la Vie Étudiante) dans les réponses à certaines de leurs interrogations. Les joutes verbales se portaient principalement sur la question de la rupture ou de la continuité de la politique culturelle entre la nouvelle et l’ancienne équipe municipale. A vrai dire, il était un peu prématuré d’en établir déjà un bilan. Après tout, la gauche n’a les manettes du pouvoir de la ville que depuis un an.
Pourtant, il y a bien un sujet qui a rassemblé, toutes tendances politiques confondues, les protagonistes : l’image de la Lorraine et les a priori sur Metz. Les clichés récurrents qui subsistent encore depuis l’après-guerre voire depuis la fin de l’ère de la sidérurgie dans la région. « On déclare qu’il y a un désert artistique en Lorraine », s’exclame Laurent Le Bon, le patron du futur Centre Pompidou Metz, alors qu’il y a une réelle richesse culturelle dans la région. On a l’impression que les Messins ne sont pas fièrs de cette richesse. » Patrick Thil n’en pense pas moins : « Metz a encore une mauvaise image. La communication de la ville, mais également de la région, doit être amplifiée dans le monde pour la changer. » Quant à Antoine Fonte, adjoint de la culture à Metz, il signale pour conclure que « la Lorraine se transforme grâce au tissu social ». Pour les sceptiques, il affirme : « le budget de la culture est un investissement dans le temps et il s’inscrit dans une démarche de développement économique et social. »
Le dossier du Centre Pompidou n’a pas été oublié. Une thématique qui rassemble également autour de la table. Patrick Thil : « Si on désertifie la culture à Metz, le Centre Pompidou-Metz n’a plus lieu d’être. C’est un levier économique pour la région. » Antoine Fonté : « Pompidou-Metz va apporter du qualitatif. Pas moins de 10 000 personnes ont déjà visité le chantier et nous sommes obligés de refuser du monde. D’ailleurs il n’y a pas seulement un public de touristes puisque des élèves d’écoles d’architecture nous viennent du monde entier. » Laurent Le Bon signale au passage, de sa phrase fétiche à destination de la salle, que sa structure « n’est pas un ovni parisien » et qu’elle sera centralisatrice au niveau culturel au même titre que les institutions d’art moderne et contemporain en place comme le Frac, Faux Mouvement ou la galerie Octave Cowbell. Il n’y a qu’à voir pour s’en convaincre la manifestation Constellation qui a lieu depuis le 15 mai et jusqu’en octobre prochain en prélude de l’ouverture du Centre Pompidou-Metz.
« Comment faire pour que les Messins puissent parler de la culture ? », s’interroge alors Hacène Lekadir qui regrette un peu le déroulement du débat. Il compare l’ambiance générale du rendez-vous citoyen avec celle de l’émission radiophonique française diffusée entre 1940 et 1944 sur la BBC, « Les Français parlent aux Français ». Ici, au Rubis c’est : « la culture parle à la culture ». Une façon peut-être d’indiquer que les politiques devraient s’ouvrir davantage vers l’extérieur auprès de la population messine au lieu de discourir entre eux ? En tout cas s’il n’a pas la réponse, depuis un an, le dialogue entre la mairie de Metz et les associations locales devient effectif. « Depuis l’année dernière, on ressent certes un net engouement de la part des structures culturelles, mais le bilan devra être dressé à la fin du mandat », insiste Nicolas Tochet, Président du collectif du « Bœuf Nocturne ». Et il rajoute : « A ce moment-là, il faudra également gérer les déceptions. » Inévitable mais nécessaire pour avancer ; mais là, c’est une autre histoire qui débutera.
Article publié le 18 mai 2009 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JML – Débat avec les acteurs politiques et culturels au rendez-vous citoyen de l’association « Quartier Saint-Louis » au café Le Rubis.