La tarte flambée flambée de Pascale Robert
Vous avez jusqu’au 6 janvier 2012 pour vous rendre à la Conserverie à Metz et découvrir les productions dessinées de Pascale Robert. Cette dernière a reproduit sous forme de dessins coloriés des photographies de son cercle familial et amical. L’artiste a voulu mettre en évidence, par l’humour, d’une part différents aspects prêtant à sourire du folklore, et d’autre part le caractère gratuit du racisme. L’exposition « la Tarte flambée flambée » s’inscrit ainsi doublement dans l’air du temps.
Toute l’exposition « La tarte flambée flambée » a pour support un petit film d’animation, colorié en rouge, et dont l’artiste n’a conservé de la bande vidéo originale que le son, reconstituant les plans sous forme de coloriages, comme pour un dessin animé. Le public peut y rencontrer des membres de la famille de Pascale Robert, sous l’aspect d’une tablée de convives qui commentent la sortie du four, par l’un d’entre eux, d’une tarte flambée complètement carbonisée. Tous les commentaires sont exprimés en dialecte alsacien. « Ceux qui comprennent l’alsacien pourront entendre une phrase à connotation raciste », avoue Pascale Robert, qui explique ainsi l’essence même de son travail. « Ces paroles étaient complètement gratuites et idiotes. J’ai voulu fonder mon travail sur cette absurdité. » Aussi avec humour, s’inspire-t-elle de la typographie et des couleurs d’un livre de recettes alsaciennes pour reconstituer la scène, exposée avec d’autres dessins depuis le 19 novembre dernier à la Conserverie de Metz.
De Strasbourg à Marseille
Une dent contre l’Alsace ? Mais non ! Pascale Robert connaît très bien cette région puisqu’elle a étudié à l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg et qu’elle y a de la famille. Originaire des Vosges, l’artiste décide en 2001 de quitter l’Est de la France pour s’installer à Marseille. « J’avais besoin de changer d’air », raconte la jeune femme. « Marseille est une ville où il est assez facile de trouver des ateliers et des appartements à des prix abordables. » Puis, jetant un regard sur les différentes œuvres exposées dans la pièce principale de la Conserverie, l’artiste se livre : « vous savez, moi je ne suis pas très ancrée dans une région ou une autre. Je peux aller n’importe où. Mon travail représente une façon de se moquer de ces particularismes locaux d’un autre temps. » Voilà donc le deuxième élément fondateur du travail de Pascale Robert : taquiner avec humour ce qui constitue les fondements des folklores régionaux.
De l’esprit et de la créativité
Tous les dessins ont été réalisés aux crayons de couleurs, une production thématique originale pour cette exposition messine. Pascale Robert utilise comme source d’inspiration les photographies qu’elle-même prend dans son cercle privé. « J’immortalise toujours des moments bien précis, et parfois je sais d’avance comment je vais utiliser mes photographies. Par associations d’idées ou de couleurs », explique-t-elle. Voilà pourquoi l’Alsace, et même les Vosges, y sont si souvent représentées. Chaque dessin fournit des éléments cocasses pour alimenter la réflexion et le rire. Par exemple, la pièce représentant la Confrérie vosgienne des rognons blancs, où les membres portent des bonnets en forme de testicules d’animaux. Clin d’œil colorié à une particularité régionale. Un autre dessin, davantage à visée religieuse, montre, posées sur une table, trois boîtes de choucroute sur lesquelles la marque est d’autant plus mise en évidence que c’est « Christ » ! L’univers artistique de la jeune femme regorge d’exemples où la vivacité d’esprit, l’humour et la dérision alimentent sa créativité.
Croquer la vie à pleines dents
« Je n’aime pas me prendre au sérieux. La vie ce n’est pas seulement posséder de l’argent ou un beau 4×4 », souligne encore Pascale Robert. L’artiste croque la vie à pleines dents. Un peu de malice pour évoquer la religion, la politique, mais aussi une sensibilité certaine lorsque sa propre famille est concernée dans ses représentations. Parmi celles-ci, une reproduction de sa grand-mère. Le dessin est constitué d’un montage entre deux photos : l’une montrant une porte, un post-it collé sur la clenche, où figurent ces mots : « où est le boudin de la porte ? » Sur l’autre, son aïeule, assise près d’une table et la tête penchée, regarde l’objectif bien en face. « Elle perdait de plus en plus la tête, alors pour ne rien oublier, elle écrivait des bouts de phrase sur des papiers autocollants », se souvient l’artiste avec émotion. « C’est ma façon à moi de lui rendre hommage », confesse-t-elle encore. Il vous reste un peu plus d’un mois pour découvrir le monde haut en couleurs de Pascale Robert.
Article publié le 30 novembre 2011 dans le bimédia lorrain La Plume Culturelle.
Photo : ©LPC|JeanVier – L’artiste Pascale Robert pose devant le dessin de la Confrérie vosgienne des rognons blancs, où les membres portent des bonnets en forme de testicules d’animaux.