— Tu veux une fessée
devant tout le monde ?
Non ?
Alors maintenant,
tu m'écoutes !
malgré l'avertissement
la môme se dandine
et continue
son numéro.
À l'aide
de sa petite main droite,
elle tient avec fermeté
la barre grise
plantée devant son nez
la môme tournoie,
tournoie
et continue
à tournoyer ;
à chaque station passée
son père
est davantage énervé.
Bien malin
à se faire remarquer
avec des paroles
d'une époque archaïque,
néanmoins,
une impuissance certaine
vis-à-vis de sa petite fille espiègle,
le voilà désarmé
comme un enfant.
Que peut-il
encore faire ?
rien.
La môme s'en fiche
que tous les adultes la regardent
et encore moins
que son père
se ridiculise :
elle est le soleil
de la rame de métro,
le centre
de toutes les attentions
quant à son père,
une ombre assise
sur un strapontin
dont le souffle
de ses mots
n'a aucun
effet sur elle.
Les voyageurs
observent,
sourire aux lèvres,
la fillette malicieuse,
face aux yeux baissés
de son père,
elle continue
son petit manège.
À l'aide
de sa petite main droite,
elle tient avec fermeté
la barre grise
plantée devant son nez
la môme tournoie,
tournoie
et continue
à tournoyer ;
elle entonne sa chanson
de la victoire.
Et la fessée promise ?
déjà de l'histoire ancienne.
Poème de Jean-Michel Léglise – octobre 2019 / juillet 2022
Accompagnements graphiques du poème : Philippe Bouret
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