Sous mes pieds
le parquet se dérobe,
à peine le temps de ressentir
mes jambes trembler
et déjà mon corps vacille ;
aucun appui pour être debout
que la chute libre pour réponse,
m'écrouler sur moi-même
et entendre un léger bruit sourd
au contact du sol
et puis plus rien.
être sur le parquet de tout mon long
Être immobile
me sentir paralysé
tout est figé autour de moi
mais le temps
au-dehors de la pièce s'égrène ;
le monde continue sa danse
la mienne vient de s'interrompre ;
tout ce qui m'environne m'oppresse
et de mon champ de vision à la verticale,
ne visualiser que le tapis, les pieds des meubles
et un coin de la porte-fenêtre,
la vue m'étouffe.
inspirer un bon coup et reprendre mes esprits
les orteils, les jambes peuvent remuer
et les doigts de mes mains aussi,
les bras gesticulent encore
mais le bassin reste silencieux,
le dos figé comme du roc,
ma tête paralysée
et me dire...
mais quelle connerie.
invectiver mon corps
avoir la rage d'être dans cette position
tenter de remuer le bas-ventre
mais pour seule réponse,
une brusque douleur des lombaires
parcourant la colonne vertébrale ;
les muscles se crispent,
mon visage se contorsionne,
rictus en m'époumonant
pour exhaler la souffrance
en traitant tous les dieux de salaud.
la douleur s'éclipse et mes muscles se détendent, court répit avant la prochaine contraction
La paralysie est totale,
position de mon corps
en chien de fusil
sur le flanc droit,
ça m'aide à moins souffrir,
mais juste un peu ;
se sentir faible et impuissant,
pas moyen de m'appuyer
ni sur les avant-bras
ni sur les coudes
juste ressentir les muscles s'ankyloser,
les minutes s'affichent sur l'horloge numérique
et en s'écoulant, elles ne sont pas en ma faveur.
Me dire que ce n'était pas une si bonne idée
de passer l'aspirateur cet après-midi,
alors que je l'avais déjà passé la veille,
juste pour quelques moutons
et des cheveux sur le parquet.
Poème de Jean-Michel Léglise – novembre 2020